Victor Barbero, un homme heureux !

« Mon choix était de venir à Bordeaux et nulle part ailleurs. Je suis venu ici pour bouger le moins possible, pour rester le plus longtemps possible. J’espère que ça sera le cas. Je me suis super bien adapté. Je connaissais un petit peu. On me disait que c’était super. Tout le monde voulait venir à Bordeaux à un moment. C’est un choix sur le plan sportif et sur le cadre de vie. La ville est top, avec ma compagne on se plaît vraiment ici. On a fait la route des vins, on va sur le bassin, à Lacanau où j’ai passé mes vacances d’été durant 15 ans avec mes parents. On aime aussi aller au Pays basque. Etre ici, ça nous change de la vie qu’on a eue en Suisse et là on n’a pas envie de partir« , avoue l’ancien joueur du club d’Ajoie. « J’avais envie de rentrer parce que j’avais l’impression de manquer des moments importants avec ma famille. Maintenant je suis à 2 heures de ma famille. On était dans une région super pour le hockey mais ma compagne ne trouvait pas d’emploi dans son secteur. Elle est secrétaire médicale. Du coup on a décidé de rentrer en France et elle a trouvé du travail à Bordeaux en 2 jours. On cherchait de la stabilité, une vie sociale plus riche. On veut avoir un enfant et on voulait le faire aussi ici. On s’est bien intégré. On est très heureux. On ne pouvait pas rêver mieux. Je me considère comme un très bon vivant. J’adore la bonne bouffe, le bon vin. Ici je suis au paradis ! Bordeaux réunit tout ce que j’aime et j’y suis heureux ! Oui je suis heureux et ma compagne aussi !« , lance Victor Barbero dans un large sourire.

Depuis son arrivée en Gironde, il n’a pu que constater qu’il jouait dans une équipe où l’ambiance était excellente, ce qui n’est pas toujours le cas dans les clubs sportifs où parfois la mayonnaise ne prend pas. « A Bordeaux, l’ambiance dans l’équipe est excellente. Tant mieux, car quand on a une série comme on a connu au mois de Novembre ça peut partir en vrille mais là ce n’est pas le cas. On a gardé la tête froide. Les 9 points de pénalité nous ont motivés. On a d’ailleurs fait un début de saison presque parfait. Ça nous a soudés. On a accepté le challenge, il y en a juste 2 qui sont partis en début de saison, qui n’ont pas accepté« , témoigne l’ailier bordelais. A 27 ans, avec un peu de maturité, il reconnaît qu’il est venu pour gagner mais « pas pour briller personnellement« . « On est ambitieux quand on est jeune. On débute, on veut attirer l’attention, on veut jouer dans les gros clubs« , reconnaît-il. Bien sûr il admet que la saison bordelaise est forcément un peu plus difficile en raison de la situation financière et de la sanction fédérale. « C’est compliqué cette année si on finit 7ème ou 8ème parce qu’on tombera sur Grenoble ou Rouen en 1/4 de Finale mais on a aussi eu des résultats contre eux. Je ne serais pas vraiment effrayé si on tombait sur eux. Tant mieux si on peut les éviter mais il peut se passer tellement de choses dans le hockey que rien n’est écrit à l’avance« , souligne le n°24 des Boxers de Bordeaux.

Natif de Gien dans le Loiret où son père y travaillait en tant qu’ingénieur pour Legrand, un des leaders mondiaux des produits et systèmes pour les installations électriques et les réseaux d’information. La famille a ensuite déménagé à Limoges où se trouve le siège de Legrand. « Ma maman qui est originaire de Madrid, a arrêté de travailler dès ma naissance pour consacrer sa vie à élever ses enfants« , souligne le joueur bordelais qui ajoute qu’il a vécu dans la Haute-Vienne jusqu’à l’âge de 11 ans avant de prendre son envol vers une future carrière de hockeyeur. « J’ai commencé le hockey vraiment par hasard. A Limoges, mes parents ont trouvé des tracts proposant des essais gratuits. On est y est allés avec mon frère, mon cadet de deux ans, et ça nous a plu tout de suite. J’avais 4 ans. Je n’avais aucune culture hockey. Ma mère ne faisait pas de sport, et mon père a joué au foot jusqu’en junior au PSG. Mais il a dû arrêter suite à une blessure« , raconte Victor Barbero. Comme d’autres joueurs de hockey, Victor et son frère Simon, aujourd’hui à Olten en Suisse (LNB), ont pratiqué d’autres sports comme le football, le handball, le basket, le golf, le tennis, la natation avant de choisir la glace et la crosse. « Quand j’étais gamin, avec mon frère, on avait des petites crosses, on jouait dans notre chambre avec des palets en mousse. On était à fond dedans ! A force, mon père s’est passionné pour le hockey. Il est devenu très dur avec nous, il a été très exigeant et finalement ça nous a beaucoup aidés. En plus nos parents ont toujours déménagé pour nous. Mon père a été muté exprès pour qu’on puisse jouer à Rouen, ils nous ont suivis en Suisse une année. Ils ont fait beaucoup de sacrifice pour nous« , reconnaît l’attaquant bordelais.

Repéré à l’âge de 11 ans par les Dragons de Rouen, Victor Barbero a pris la direction de la Normandie pour y faire un sport-études pendant 2 ans et demi. « A 14 ans j’ai été repéré par hasard encore lors d’un stage en Suisse par des entraîneurs assez réputés en Suisse romande et j’ai fait des tests à Genève où j’ai été pris tout de suite et où Philippe Bozon coachait  les gens de mon âge. On se connaît donc depuis longtemps. J’y suis resté 6 ans. C’est dans ce club que j’ai fait mes premiers matchs pros en LNA, mais c’est ensuite à Lausanne que j’ai débuté à 20 ans ma vraie vie professionnelle en LNB« , indique le joueur. Après une année à Lausanne, il a ensuite rejoint Sierre où il n’a pu éviter la relégation puis a été prêté en fin de saison au Red Ice de Martigny avant 2 saisons à la Chaux-de-fonds. « J’ai passé mes 3 dernières années en Suisse au HC Ajoie avant de décider, à 27 ans, de rentrer en France. J’ai tellement travaillé fort pour être professionnel et faire de ma passion mon métier qu’à aucun moment je me suis dit quand j’avais 20-21 ans que j’allais quitter la Suisse. En plus j’y ai gagné un titre de Ligue Nationale B ! C’est en Suisse que j’ai eu l’opportunité de devenir pro, où le hockey est beaucoup plus professionnalisé, plus structuré qu’en France. On est bien payés. Ça joue beaucoup, mine de rien. La LNB dans laquelle je jouais ressemble un peu à la Magnus en un petit peu plus intense, à part Grenoble et Rouen qui seraient très bien en Ligue B Suisse. Sinon on a toujours la petite demie seconde en plus en Ligue Magnus que je n’avais pas en Suisse« , souligne le natif du Loiret.

C’est aussi en Suisse, que quand les choses sont devenues sérieuses, que c’est devenu plus compliqué pour lui sur le plan des études. Il a cependant passé avec succès un bac à distance en passant par le CNED (Centre national d’enseignement à distance) puis il s’est lancé dans une formation dans le domaine de l’immobilier. « C’est une vraie passion qui m’est venue quand j’ai commencé à me poser la question de mon avenir après le hockey« , indique-t-il. Au-delà du hockey et des études, Victor Barbero a d’autres activités, d’autres intérêts. Ainsi est-il un grand amateur de séries américaines. Peut-être aurait-il pu embrasser une carrière d’écrivain. La vie réserve parfois des surprises mais s’il écrivait beaucoup, une vraie passion,  quand il était encore très jeune, de préférence des histoires, des nouvelles, mais de son propre aveu il lisait peu. Il porte également un grand intérêt à l’actualité et d’ailleurs restait informé par la télévision sur ce qu’il se passait en France lorsqu’il était en Suisse. Cela dit, sa vraie passion reste la nature. Il avoue adorer la montagne. « En vacances j’en profite pour me libérer la tête. On va souvent dans les Pyrénées du côté de Luchon avec ma belle-famille. Partir des heures même une journée et dormir en haut, j’adore ça« , avoue-t-il. Mais la montagne réserve des surprises, au point qu’il y a eu la peur de sa vie. « J’étais avec mes deux meilleurs amis. On s’est retrouvé sur une randonnée sur les hauteurs d’Annecy qui était sensée être très simple. Et il s’est avéré qu’on s’est retrouvés dans des dents, des montagnes très verticales et on ne pouvait pas faire demi-tour. On a dû dormir sur place dans une grotte. On a fait un feu. Il faisait super froid. On n’avait pas de matériel et on ne pouvait pas appeler par téléphone, il n’y avait pas de réseau. Pour en sortir on s’est attachés à trois mais on n’était pas du tout sécurisés. C’était n’importe quoi. S’il y en avait un qui tombait, les trois tombaient. C’est un truc qui m’a marqué. J’ai mis une semaine à m’en remettre« , se souvient-il.

Aujourd’hui, il profite aussi d’une autre passion, l’Équipe de France. Joueur doué repéré dès son plus jeune âge, Victor Barbero a porté le maillot bleu dans toutes les catégories. « Ensuite, pendant ma période en Suisse, j’ai été oublié. J’ai été un peu mis de côté. Je ne sais pas pourquoi, on ne m’a jamais donné d’explications. J’avais donc tiré un trait dessus. Mais je savais qu’en revenant en France ça pouvait revenir si je jouais bien parce qu’on est sous les projecteurs. Et en plus l’entraîneur de Bordeaux est le sélectionneur !« , indique Victor précédé par son frère lors des derniers stages de l’Équipe de France auquel il a été enfin convié. Pour lui, une première chez les « A » qui lui a hélas coûté une blessure qui l’a éloigné de la glace durant quelques semaines. Mais Victor Barbero garde la tête sur les épaules. Il sait que Philippe Bozon a ouvert la porte à beaucoup de joueurs lors des stages de l’automne, procédé à une grande revue d’effectif mais il sait aussi qu’à partir de Février les portes vont un peu de refermer et seront plus difficiles à franchir. « Ça va être plus dur. Mais moi je prends tout ce qu’on me donne« , conclut l’homme heureux des Boxers de Bordeaux.

C.C.