Thierry Parienty : « Tout le club a mouillé le maillot cette année ! »

La saison s’est achevée sur le match 7 des quarts de finale face à Amiens, soit un résultat moins bon que les 2 dernières saisons. Qu’a-t-il manqué aux Boxers de Bordeaux cette année pour faire au moins une demi-finale comme les saisons précédentes ? La situation du club sur le plan financier s’est-elle améliorée ? Quelles améliorations le club se prépare-t-il à apporter tant sur le plan sportif que sur les questions de la politique tarifaire, des infrastructures, des relations avec le public ? Toutes ces questions, et bien d’autres, nous les avons posées au président Thierry Parienty…

Qu’a-t-il manqué cette année aux Boxers de Bordeaux pour faire aussi bien que les 2 saisons précédentes sur le plan des résultats sportifs ?

« Il a manqué un peu de régularité dans les playoffs. Il peut y avoir de nombreuses raisons qui l’expliquent, mais ça n’enlève rien au fait que tous les joueurs, le staff et même les gens du bureau ont soutenu pleinement le projet du club cette année parce qu’ils ont tous accepté une baisse de salaire et ils ont tous mouillé le maillot et je tiens à tous les en remercier »

L’état financier du club a-t-il joué sur le fait que l’équipe était peut-être réduite en termes de profondeur de banc ?

« Il y a 2 choses. Par rapport à un budget, soit on a un plus grand nombre de joueurs avec une qualité moyenne un peu inférieure soit on a moins de joueurs avec un peu plus de qualité. Ce qui est sûr c’est que l’équipe qu’on avait la saison précédente et qui a disputé la demi-finale face à Grenoble était au-dessus de notre budget puisqu’on a été logiquement pénalisés pour ça. Et ça nous a fortement amputé cette saison. Clairement, l’équipe de la saison précédente n’est pas le modèle économique qu’il faut retenir. Nous espérons tous avoir rapidement une équipe aussi compétitive mais nous devons à la vérité que ses résultats provenaient d’un budget en déséquilibre. Cette année on a eu une équipe en phase avec notre budget. On avait du talent sauf qu’il y a un petit goût, pas d’inachevé, mais peut-être un sentiment qu’on aurait pu faire un peu mieux, même en Coupe de France où on aurait pu se dire, à un moment donné, qu’il y  avait la place pour aller à Bercy »

Cela dit vous avez rencontré un gros problème en cours de saison, c’est la blessure et l’arrêt de carrière de Maxime Sauvé…

« Il est clair que l’absence de Maxime Sauvé a amputé une partie de l’équipe, mais on ne peut pas s’abriter derrière les blessures parce que chaque année il y a malheureusement des joueurs qui se blessent. Alors effectivement on a pris la décision de ne pas le remplacer par un apport extérieur. C’est en interne qu’on l’a fait avec Julien Desrosiers et avec une certaine réussite. Mais le jeu de l’équipe a changé offensivement »

Est-ce que le fait de terminer la saison en quart de finale peut être considéré comme un échec ?

« C’est le verre d’eau à moitié plein ou à moitié vide. Si on le regarde négativement on peut y voir un échec parce que l’équipe pouvait mieux faire. Soit on le regarde à travers tout ce qu’on a traversé et en ayant perdu au match 7 face à une très bonne équipe d’Amiens on peut y voir non pas un succès mais un résultat dans la lignée de notre saison. Après il ne faut pas oublier que quand on avait la tête sous l’eau au mois d’Août, qu’on venait d’être sanctionnés de 9 points de pénalités, on ne savait pas si on pourrait se qualifier pour les playoffs. Et on l’a fait et on a terminé 6èmes comme l’année précédente. En fait, c’est une année enrichissante pour tout le monde »

Cette saison marquée par cette sanction terminée, on va se pencher évidemment sur les moyens financiers du club placé sous surveillance durant encore une année…

« Il y a un passage obligé le 30 Avril avec la clôture des comptes qui sera suivie d’une étude financière. On doit atteindre un objectif en terme financier. Si ce n’est pas le cas il se peut qu’il y ait d’autres sanctions. Mais je suis optimiste car on fait tout avec les associés pour que ce ne soit pas le cas. Ce que je peux dire c’est que le club va mieux, même beaucoup mieux qu’en Juin, Juillet et Août derniers. C’est comme un malade en voie de guérison. On est sur une phase ascendante qui permet de voir la ligne d’arrivée ou le bout du tunnel »

Qu’est-ce qui a changé justement pour que le club aille mieux ?

« On a changé beaucoup de choses. Déjà cette année on a vraiment bien maîtrisé nos dépenses sur les postes essentiels qui sont la masse salariale, le matériel, les déplacements. Tous nos déplacements ont été faits en bus. On a supprimé les frais d’hôtels car tout le monde a dormi dans le bus. On a même fait des tracés en évitant le plus possible les péages. Sur tous les postes, on a fait une analyse complète des coûts. Sur un autre plan, si on peut dire qu’on a eu un peu moins de spectateurs dans la patinoire, au contraire on a augmenté le nombre de partenaires, et on a atteint notre plan partenariat-entreprises, et tout ça c’est positif »

Comme expliquer la baisse du nombre de spectateurs ? De quel ordre est cette baisse et est-elle dûe aux tarifs des abonnements et de la billetterie, à des évènements extérieurs ?

« A l’arrivée on a une baisse moyenne de 200 spectateurs par match. On n’a pas fait un seul match à guichet fermé. Personne n’aime avoir moins de spectateurs que l’année d’avant. C’est quelque chose qu’on a analysé. Il n’y a pas une raison plus qu’une autre mais un ensemble de raisons. On peut effectivement retenir la politique de prix. On travaille dessus pour la saison prochaine. Il y a aussi les résultats. On a perdu beaucoup de matchs à domicile et ce n’est pas incitatif. D’autre part, il y a la concurrence de l’Arena qui offre 3 fois par semaine des spectacles et des loisirs et à un moment donné ça crée une offre additionnelle par rapport aux années précédentes. On peut retenir que c’est aussi notre quatrième saison en Ligue Magnus. En plus tous les sports à Bordeaux ont connu un déficit de public que ce soit les Girondins de Bordeaux ou l’UBB. Il y a eu aussi l’effet gilets jaunes qui a créé un trouble. On recevait Lyon le premier vendredi de décembre et c’est là qu’on a connu notre plus petite recette de la saison, ce qui n’est pas envisageable dans le moindre business-plan. Sur ce seul match on a perdu 10.000 euros ! Maintenant on s’attelle à définir des axes d’amélioration. Je pense qu’on avait trop de tarifs, trop d’offres et on va revenir à des choses plus simples qui soient en rapport avec notre sport »

Allez-vous apporter des modifications, des améliorations sur d’autres points ?

« La saison dernière on a investi sur la partie sportive avec un nouveau vestiaire. On peut dire qu’on a aujourd’hui un backstage digne d’un bon club de Ligue Magnus. La saison prochaine on souhaite développer notre boutique et nos bureaux puisqu’on devrait intégrer de nouveaux locaux à l’intérieur de la patinoire. C’est vraiment un axe de développement fort. Le deuxième axe vise à être plus proche de nos abonnés. On a commencé la saison dernière avec des initiatives comme le « Fan Day », la visite des vestiaires, le partage avec les joueurs. Pour cela on est en train de regarder toutes les solutions. Il y aussi la politique d’abonnements. Tout cela on est en train de le caler et on aura une offre qui sera complète, qui tiendra des remarques qu’on nous a fait et de l’évolution que l’on veut impulser pour amener de la convivialité, de l’émotion dans la patinoire, amener plus de familles, avoir plus de spectateurs »

La marque « My Be One » vient de signer un contrat de 3 ans pour figurer sur le dos du maillot des joueurs des Boxers de Bordeaux. Est-ce un apport significatif sur le plan partenariat ?

« C’est un apport majeur pour le club et ça montre que le maillot et les Boxers plaisent, que ce soit en terme de visibilité et d’impact, et qu’en terme de partenariat nous avons une offre qui intéresse. En plus cette saison on a eu de nouveaux salons qui nous ont aidés à développer notre offre »

Après 3 saisons, Philippe Bozon quitte le club. Quel bilan tirez-vous de cette période ?

« Ce sont 3 saisons positives. Après être passé de la Division 1 à la Ligue Magnus, on a changé de dimension en faisant venir Philippe Bozon après une première saison dans l’élite. On est passé dans l’ère de la régularité. On a joué 2 demi-finales de coupes, 2 demi-finales et 1 quart de finale de Ligue Magnus. Cela veut dire qu’on fait partie des équipes qui comptent. Philippe Bozon a structuré et professionnalisé la structure sportive. Il a amené de la rigueur, de la notoriété. En termes d’affluence on est toujours le deuxième public de France, quoi qu’on en dise. C’est un élément positif. On a progressé en nombre d’entreprises au sein du club-entreprises. Et puis sur le plan médiatique, tant localement que nationalement, l’ère Bozon nous a permis de franchir aussi un palier »

Son successeur est Olivier Dimet. Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?

« On avait dressé une listes de critères qui nous semblaient important. Avec le conseil d’administration on souhaitait plutôt un Français ou un francophone, quelqu’un qui soit dans la rigueur et le travail pour poursuivre dans la lignée de l’ère Bozon et dans l’ADN du club, quelqu’un qui puisse agir avec les jeunes du club pour développer les U17, les U20, le pôle Elite, en tout cas intervenir dessus et participer au développement. On a trouvé que le plus intéressant était Olivier. J’en avais informé le président d’Anglet pour que les choses se passent bien parce qu’on a de bons rapports avec eux. Et finalement on s’est entendus et on est ravis qu’il rejoigne notre aventure »

La venue d’Olivier Dimet peut-elle marquer un changement dans le jeu de l’équipe ?

« Chaque entraîneur à sa philosophie de jeu. Je laisserai à Olivier le soin d’en parler lui-même le moment venu »

Compte-tenu de tous les éléments dont vous venez de parler y compris bien sûr les questions financières, est-il envisagé de construire une équipe compétitive, capable de faire mieux en termes de résultats que celle de cette dernière année ?

« L’objectif est d’avoir une équipe performante à domicile et à l’extérieur, capable de disputer les playoffs. Dans ce championnat il y a Rouen et Grenoble qui ont des budgets quasiment 2 fois supérieurs à celui des autres équipes. Aujourd’hui on ne connait pas le recrutement que va faire Gap, Amiens, Lyon, Angers avec sa nouvelle patinoire. Economiquement on est proches de ces clubs-là. Après, notre équipe sera-t-elle meilleure ? Réponse l’année prochaine. En tout cas, il n’y a pas de raison qu’on soit inférieurs à toutes ces équipes »

Dans la constitution de l’équipe de la saison prochaine y a-t-il déjà des pistes, par exemple le choix de modifier de manière importante l’effectif ou pas. On sait déjà que Peter Valier ne sera pas conservé…

« On vient d’attaquer les entretiens avec les joueurs la semaine dernière. C’est un peu prématuré. Ce que l’on sait c’est que les joueurs aiment et souhaitent rester à Bordeaux. On change d’entraîneur et donc il faut laisser un peu de temps. On a la volonté de pérenniser ce qui a été fait. On avait un bon noyau cette année. Mais comme le veut le marché c’est la loi de l’offre et la demande »

La masse salariale sera-t-elle supérieure à la dernière saison ?

« On sera à peu près sur le même schéma. Il faut laisser le temps de construire l’équipe. Mais on veut plus de victoires à Mériadeck »

Propos recueillis par Claude Canellas