Thierry Parienty : « Nous avons encore de belles pages à écrire »

Demi-finalistes en Championnat et en Coupe de France la saison dernière, les Boxers se sont installés dans le premier cercle des clubs de l’élite du hockey Français. Mais l’intersaison qui a suivi a été plus tumultueuse, la situation économique ayant conduit les instances de contrôle et la FFHG à appliquer au club Bordelais des mesures d’encadrement et une sanction en termes de points au début de la prochaine saison de Synerglace Ligue Magnus. Le président Thierry Parienty fait le point à deux semaines du début de la saison le 14 Septembre à Lyon.

Cette intersaison qui s’achève aura été particulièrement difficile pour le président que vous êtes. Où en sont les Boxers de Bordeaux aujourd’hui ?

« Les Boxers de Bordeaux sont validés et vont jouer en Synerglace Ligue Magnus, vont jouer la Coupe de France, sont dans un plan d’encadrement de dépenses et de masse salariale légitime et nécessaire comme beaucoup d’entreprises peuvent en connaître. Malgré tout ce qui s’est passé cet été, le moral est bon, on avance et on aura une bonne équipe« 

Comment s’expliquent les difficultés que vous avez rencontrées pour boucler votre budget de la saison dernière et qui aboutissent à ce plan d’encadrement et à une pénalité de 9 points au départ du championnat ?

« Les difficultés proviennent du fait que on ait eu plus de dépenses par rapport à notre prévisionnel et pas suffisamment de rentrées par rapport à notre budget. Les dépenses sont notamment liées au fait qu’on ait eu beaucoup de blessés durant la saison ce qui entraîne le paiement à chaque fois du salaire d’un nouveau joueur, les voyages pour la recrue et pour le partant quand c’est le cas, le logement, les crosses. Nous avons eu aussi des prestations dont le coût a été sous-estimé. Et par ailleurs il n’y a pas eu suffisamment de recettes. Entre autres on avait prévu dans notre budget un plan de partenariat qui n’a pas été atteint bien que de nombreuses nouvelles entreprises nous aient rejoints. On a été notamment en négociation avec un gros partenaire Suisse qui devait s’engager sur 3 saisons pour plus de 200.000 euros. Tout était calé mais il n’est pas venu malgré notre déplacement à Milan pour la signature. À l’arrivée, malgré l’augmentation de capital et l’arrivée de nouveaux associés, cela a généré un déficit que nous n’avions pas prévu. Sans doute avions nous construit un budget trop optimiste et j’en assume pleinement la responsabilité »

Les difficultés héritées de la saison passée pénalisent-elles la saison qui arrive ?

« Aujourd’hui, compte-tenu des efforts qui ont été faits au sein du club, des efforts de négociations qu’on a pu mener avec la Fédération Français de Hockey sur Glace et les instances de contrôle, le budget n’est pénalisant qu’en partie. Pénalisant dans le cadre du développement du club, mais il ne nous ampute pas pour autant puisqu’on aura une équipe compétitive malgré tout. Les premiers pénalisés ce sont les collaborateurs au sens large, personnels du club, staff et joueurs qui ont accepté une réduction de leur rémunération. Cela dit, il y aura toujours du spectacle à Mériadeck ! »

Le fait d’avoir une masse salariale inférieure à celle de l’année passée signifie-t-il que l’effectif sera moins talentueux et moins performant sur le plan sportif ?

« Une équipe n’est pas uniquement une addition d’individus et de qualités. Il faut aussi prendre en compte la notion de groupe, la notion de solidarité, la notion d’adversité. Aujourd’hui le groupe est moins nombreux mais il est composé de joueurs solidaires et de qualité, et notre recrutement n’est pas terminé. Preuve en est avec la confirmation ce matin de l’arrivée du jeune défenseur international Français Hugo Gallet qui a disputé le mondial Elite au Danemark et compte 21 sélections. On devrait avoir encore le renfort d’un autre défenseur, Européen mais pas Français, et nous avons des pistes pour signer un attaquant qui sera du même niveau qu’Olivier Latendresse, un véritable top-player. En début de saison l’effectif pro devrait comprendre 21 joueurs une fois que les deux autres recrues prévues seront arrivées »

Vous allez débuter la Synerglace Ligue Magnus avec 9 points de pénalité. Est-ce un lourd handicap dans un championnat à 44 matchs avec la victoire à 3 points ?

« C’est un handicap, bien entendu. Mais ce n’est pas insurmontable. Et c’est fédérateur. Ces neuf points en moins laissent moins de latitude pour les petites erreurs, pour les matchs où on laissait échapper des points. Là, tout point échappé va compter double pour nous. Mais on a du caractère et on va les remonter, ces 9 points ! »

Quelles sont les ambitions du club à l’aube de cette nouvelle saison ?

« Avant tout de se qualifier pour les playoffs. Et ensuite tout est possible. Mais pensons à nous qualifier d’abord. J’ai un message qui se veut le plus lucide possible et à l’arrivée on aura une équipe compétitive, qui a une âme, qui aime le club et ses supporters. C’est à nous de faire le job et de prouver aux joueurs qu’ils ont bien fait de rester, en faisant notamment le nécessaire sur le plan économique. Et c’est aux partisans de les soutenir »

Au niveau partenariats et abonnements, où en êtes-vous par rapport aux années précédentes ?

« Au niveau des entreprises cela se passe très bien. Pour les abonnements on accuse un retard par rapport à l’année dernière lié à l’augmentation des prix et à la création d’un nouveau salon qui a provoqué le déplacement d’une zone d’anciens abonnés. On note cependant une recrudescences des abonnements sur Juillet-Août« 

Pourquoi cette augmentation du prix des abonnements cette année ?

« L’an dernier et il y a 2 ans, il y avait une promotion sur les réabonnements que l’on n’a pas souhaité renouveler cette année parce qu’on est aujourd’hui sur des niveaux de prix au match pour un abonné entre 8,40 euros pour le prix le plus bas et 14 euros pour le plus cher. Cela fait encore 35% de remise par rapport à quelqu’un qui payerait sa place à chaque match. C’est significatif. Et il ne faut pas oublier qu’il y a des facilités de paiement. Et puis les abonnés bénéficient de prestations qui leur sont réservées et qui sont une véritable valeur ajoutée comme le sera le Fan Day Vendredi soir à la patinoire. Les abonnés vont pouvoir voir les joueurs, discuter avec eux en privé, prendre des photos… et il y aura un cocktail dinatoire. Ce sera un moment convivial entre partenaires, abonnés et joueurs »

Des partisans, abonnés ou pas, se sont plaints qu’aucun entraînement n’ait été ouvert au public. Seront-ils satisfaits de leur demande avant la reprise du championnat ?

« Bien sûr qu’on va essayer de les satisfaire. Mais on a pris un peu de retard dans la préparation avec des joueurs qui sont partis, d’autres qui ne sont pas encore arrivés. On n’a repris la glace qu’à partir du 13 Août »

Il y a eu aussi une bonne nouvelle durant cette intersaison avec la création d’une équipe U20 Elite et entraînée par le néo-retraité Julien Desrosiers avec des jeunes susceptibles d’évoluer avec les pros…

« Les U20 aujourd’hui c’est un vrai succès puisqu’on a eu beaucoup de candidatures. On a des jeunes de qualité qui ont intégré l’effectif, qui rejoignent ceux qui étaient au club et des anciens qui sont revenus. Lors des matchs de préparation on a déjà vus des jeunes évoluer au sein de l’équipe pro. On est fiers de cette réussite de l’intersaison. Pour le championnat il y a effectivement certains d’entre eux qui peuvent jouer avec les pros mais il faut qu’ils acquièrent un peu plus de physique et de densité et il faut les préserver »

Comment expliquer cette réussite dans la création de cette équipe U20 ?

« Il y a plusieurs facteurs qui ont joué. On peut l’expliquer parce que c’est le club des Boxers, parce que c’est à Bordeaux, parce que c’est Julien Desrosiers qui entraîne, parce que le manager général est Stephan Tartari et le coach des pros Philippe Bozon et parce qu’on a fait un bon travail avec l’association »

Avant de terminer, parlez-nous de la patinoire Mériadeck qui est désormais consacrée aux sports de glace et qui subit de nouveaux aménagements…

« On a un nouveau vestiaire plus adapté à nos besoins, une salle de musculation que nous n’avions pas, et les bureaux du club ainsi qu’une boutique y seront installés d’ici la fin de l’année. Nous avons aussi un salon VIP supplémentaire. Ces travaux ont été possibles grâce à Axel Vega et à la mairie de Bordeaux »

En conclusion, quel message souhaitez-vous faire passer après cet été difficile ?

« Il ne faut pas oublier d’où on vient. Il y a 4 ans, on était en D1. Beaucoup de choses ont été faites, On est un club jeune, on n’est pas Grenoble ou Rouen. L’effectif 2018-2019 reste compétitif. On a eu un accident de parcours dont on a parfaitement conscience et que l’on va rectifier. Cela fait partie des cycles économiques. Mais on ne peut que constater qu’il y a un véritable attrait pour le hockey sur glace à Bordeaux et le succès grandissant auprès des entreprises partenaires nous conforte dans cette idée et dans notre plan pour repartir de l’avant. Je souhaite que maintenant on reparle de sport, de choses positives, de nos futures victoires, de notre recrutement qui est positif. Le livre des Boxers de Bordeaux n’en est qu’au début et je suis sûr que nous allons écrire de belles pages« 

Propos recueillis par C.C.