Thierry Parienty : « Le club va mieux qu’il y a un an ! »

À un mois de la reprise de la Synerglace Ligue Magnus, le président Thierry Parienty fait le point sur la situation financière du club qui s’est améliorée malgré la sanction de 3 points + 3 points avec sursis, sur les nouveautés dans l’organisation du club, les animations liées aux matchs et le rapprochement avec les supporters.

Pour la deuxième année consécutive le club a été sanctionné. Après les 9 points de la saison dernière, cette fois la sanction est moindre puisque de 6 points dont 3 avec sursis. Est-ce que cela signifie que le club est toujours en difficultés sur le plan financier ou bien qu’il va  mieux même si les comptes n’ont pas encore été totalement redressés ?

« Les deux analyses sont justes. Nous allons mieux mais nous sommes aussi toujours en difficultés puisque nous ne sommes toujours pas sortis des mesures d’encadrement financier qui nous étaient demandées. J’ai bon espoir qu’à la fin de cette saison on en soit sortis. En tout cas on fait tout pour revenir dans une dynamique positive à la fin de la saison. Le club va mieux qu’il y a un an, tout le monde y a contribué. Nous avons fait 70 à 80 % du chemin« 

Donc le plan de redressement est bon…

« Il est bon et il a été reconnu comme tel par la Fédération, mais toutes les mesures n’ont pas été respectées dans le cadre de nos objectifs financiers. Comme par exemple sur la billetterie où nous avons enregistré une baisse de fréquentation de l’ordre de 10%, avec la plus petite recette de la saison lors d’un match contre Lyon le 2 décembre, ce qui est incompréhensible. On perd ainsi 10 à 15 000 € sur un seul week-end. Mais des objectifs ont aussi été atteints notamment dans le développement du partenariat-entreprises et les mesures d’économie. Au final, la Fédération nous a infligé une sanction plus mesurée, qui témoigne de l’évolution positive du club »

Vous avez rattrapé une partie du déficit. Est-ce à dire que la saison a-t-elle été isolément positive en termes de bilan ?

« D’un point de vue opérationnel nous étions encore en déficit léger parce que l’ensemble des mesures ont été mises en place au mois d’Août alors que notre exercice comptable débute le 1er Mai. Pour cette raison, nous sommes encore en redressement. Ce n’est pas terminé, mais ce qui a été fait l’année dernière a porté ses fruits »

Sur quels points doivent plus particulièrement porter vos efforts ?

« On doit aller plus loin sur la billetterie et vers le grand public. On veut se rapprocher des fans. Ce ne sont pas que des paroles, mais ce sont des actions. On organise par exemple le Fan Day le Vendredi 6 Septembre qui sera ouvert à tout le monde avec une partie réservée aux abonnés. Et puis il y a eu la création de notre application 100% Boxers et des réunions avec les abonnés avec un apéritif. Bref, on a mis en place plein de choses qui nous rapprochent de notre public »

Quelles sont les évolutions tarifaires tant sur les billets au match que sur les abonnements ?

« Notre volonté était d’avoir une plus grande clarté sur les tarifs. On a fait évoluer les zones au sein de la patinoire. Les tarifs des abonnements ont légèrement baissé. Leur nombre est identique à celui de l’an passé. D’autre part, le calendrier est amélioré avec 3 matchs programmés le Samedi, ce qui était un souhait des supporters. Beaucoup sont prévus les Vendredis et les Dimanches. Il y aura donc moins de matchs le Mardi. On repart donc sur un spectacle familial ce qui, on l’espère, va permettre de développer la billetterie »

L’organisation des matchs va-t-elle évoluer ?

« Notre objectif est de proposer chaque fois un temps fort additionnel. Par exemple, pour l’ouverture contre Briançon, les membres de l’association des « Meules Bleues » viendront en vieilles mobylettes devant la patinoire et assisteront au match dans une tribune dédiée aux animations. Le but est que les animations soient variées, y compris l’entrée des joueurs pour laquelle nous avons plusieurs versions. Nous aurons aussi 4 temps forts dans l’année, des matchs « tornades », à l’occasion d’Halloween, de Noël, de la Saint-Valentin et d’un match du digital« 

Pourquoi jusqu’à présent les grandes marques nationales dont le siège est en région ou qui y possèdent une forte implantation ne soutiennent pas plus les Boxers de Bordeaux ?

« Déjà, Betclic nous rejoint et les autres marques sont présentes dans d’autres sports localement. De plus notre sport souffre en France d’un défaut de médiatisation, essentiellement de visibilité télévisuelle. Mais cela dit, des progrès sont faits cette année. Nous aurons 11 caméras fixes dans la patinoire grâce notamment à Fanseat, ce qui permettra d’utiliser cette banque d’images pour faire des résumés de matchs de qualité, et de suivre les matchs sur Fanseat dans de bonnes conditions. Enfin, pour la première fois, les arbitres pourront contrôler la validité ou non d’un but à chaque instant d’un match en faisant appel à la vidéo. N’oublions pas non plus le parti qu’on peut tirer de ces images en interne en décortiquant les matchs pour mieux connaître les équipes adverses. Ce sont de belles avancées pour notre sport qui je le rappelle n’a que 20 000 licenciés en France »

Existe-t-il un modèle économique viable qui permettrait à un club comme les Boxers de Bordeaux de rivaliser avec les budgets des grands du championnat, Rouen et Grenoble ?

« Notre budget se maintient à 2-2,2 millions d’euros. Si on vise plus haut, il faut trouver de nouvelles recettes dans la billetterie, la boutique, le partenariat-entreprises en développement depuis plusieurs années avec de très belles marques qui nous rejoignent et enfin les subventions. C’est faisable, sachant que ces deux clubs ont des budgets de l’ordre de 3,5 à 4 millions d’euros. Mais pour se faire il faut encore développer le partenariat-entreprises, remplir un peu plus la patinoire, avoir un bon centre de formation et mettre en place une politique pour les jeunes. Cela permettrait de compléter l’équipe seniors, à moindre coût, et en développant une politique locale dans un sport qui est le troisième à Bordeaux en termes de fréquentation. C’est en plus une vraie fierté éducative et sociale. Rouen et Grenoble ont toujours dans leur équipe trois ou quatre joueurs issus du centre de formation. Aujourd’hui de bons jeunes figurent dans notre effectif, tels que Julian Junca, Julien Guillaume et Robin Colomban qui nous rejoint, et des jeunes issus de Bordeaux comme Vince Tartari et Bastien Lemaître. Ils ont leurs chances, à eux de la saisir. Et il y en aura peut-être d’autres en cours de saison… »

La saison dernière vous avez créé une équipe U20 Élite. Y-a-t-il des développements cette année ?

« Les U20 et les U17 qui viennent de monter en Elite sont des catégories qu’on veut vraiment développer. On met en place un staff d’entraîneurs en collaboration avec l’association qui pour moi est compétent puisqu’il s’agit du même préparateur physique que l’équipe pro, c’est Julien Desrosiers qui s’en occupe et Olivier Dimet et Stéphan Tartari auront un œil sur la partie sportive pour avoir une homogénéité avec Marc-Antoine Beaulieu, head-coach en charge de la supervision de toutes les catégories de jeunes dans l’association. C’est nécessaire pour l’évolution du hockey à Bordeaux. Il faut que tout se mette en place. Il faut un peu de temps. Pour reprendre les exemples de Rouen et de Grenoble, ces deux clubs ont 30 ans d’ancienneté. Nous on en a 5 concernant la compétition sénior en élite et encore on a 2 ans sur les U20 et un an sur les U17 ! »

Même si cela est nécessaire, voire indispensable, tout cela ne participe-t-il pas au déficit ?

« La SASP (club pro) participe et malgré ce qui s’est passé l’année dernière, l’ensemble de nos engagements vis-à-vis de l’association ont été tenus. C’est une nécessité, un investissement sur l’avenir sur le plan sportif et social. De toute façon, on n’a pas le choix et il faut bien commencer un jour. Alors oui, tout cela coûte un peu d’argent mais comme en ont coûté les travaux dans la patinoire. Les vestiaires des joueurs, le futur bureau-boutique étaient des nécessités. Et on a pris le parti de le faire, de miser sur l’avenir »

Parlons de l’effectif. Avec la tension budgétaire, est-il aujourd’hui construit pour être potentiellement de même niveau que l’année dernière voire supérieur ?

« L’aspect financier est à prendre en compte mais il existe d’autres paramètres pour constituer un effectif tels que la mentalité des joueurs et l’assemblage de l’équipe. Aujourd’hui notre stratégie a été de prendre un préparateur physique, Brice Lefébure, un point important pour l’arrivée d’Olivier Dimet, ce qui va probablement apporter de la valeur ajoutée en termes de condition physique. On a aussi fait appel à Julien Desrosiers comme assistant. Et enfin Pantxika Lefébure nous rejoint pour la préparation mentale. Je pense que nous aurons une équipe homogène. Les garçons ont déjà plaisir d’être ensemble et ils devraient le partager avec le public« 

Quels seront les objectifs pour cette saison ?

« Déjà, il faut rappeler que toutes les autres équipes se sont renforcées. Notre ambition est identique à celle de l’année dernière, à savoir jouer les playoffs. Et après c’est un nouveau championnat qui démarre. Et si on peut aller plus loin en Coupe de France que l’année dernière, ce serait bien. Je caresse l’espoir de pouvoir aller un jour à Bercy pour la finale. Mais c’est un espoir, pas un objectif« 

Après trois saisons avec Philippe Bozon, est-ce que l’arrivée d’Olivier Dimet peut être prise comme un nouveau départ, une nouvelle aventure ?

« On part sur un nouveau cycle. Le point de départ c’est un peu ce que « Boz » a mis en place, et Olivier va nous faire évoluer avec sa pâte, sa touche managériale, sa touche d’entraîneur. On part sur un cycle de deux à trois ans au minimum« 

L’effectif s’inscrit-il aussi dans ce cycle de deux ou trois ans ?

« Les joueurs qui sont restés l’ont fait parce qu’ils aiment le club et qu’ils ont eu l’occasion d’échanger avec Olivier Dimet. En dehors des performances jugées insuffisantes, d’appels d’autres clubs ou d’autres championnats, il n’y a avait pas de raison de ne pas prolonger. Au-delà de ce postulat, on a plutôt prolongé des joueurs Français. Le turn-over a été plus important au niveau des étrangers pour partir sur une nouvelle dynamique. Laissons le temps aux nouveaux joueurs de s’acclimater avant d’avoir envie de rester eux aussi« 

Recueilli par Claude Canellas