Stéphan Tartari : « Une saison un peu particulière »
Les blessures d’Alexandre Mulle, de Clément Fouquerel, de Kevin Spinozzi, le non-retour des États-Unis de Hunter Warner, sont autant d’évènements imprévus qui ont contraints les dirigeants des Boxers de Bordeaux à réagir. Au point qu’au moment d’attaquer la dernière ligne droite de la saison, l’effectif s’est enrichi de quatre joueurs, en a perdu deux, sans oublier que Kevin Spinozzi ne verra sans doute plus la glace d’ici la fin de la compétition !
Depuis le coup d’envoi de la Ligue Magnus au mois de septembre, le club a été confronté à des mouvements imprévus dans l’effectif. Peux-tu nous donner quelques précisions ?
Stéphan Tartari : « L’an dernier, nous avons fait le dos rond. Nous étions sous surveillance et nous avons réussi à avoir un bon résultat au niveau du bilan comptable. Cette année, nous avons monté une équipe plus compétitive, plus solide, plus équilibrée que la saison précédente. Mais malheureusement, nous avons eu de mauvaises nouvelles en cours d’année qui nous ont obligés à réagir. C’est une saison un peu particulière ! »
Tout à commencé avec Alexandre Mulle, revenu dans l’effectif après s’être remis d’une grave blessure à un genou mais qui après avoir participé aux matchs de présaison, n’a hélas pu démarrer en Ligue Magnus, contraint par de nouvelles complications…
« Nous avons appris qu’il s’agissait d’une inflammation du genou qui avait été blessé, ce qui pouvait le tenir éloigné de la glace encore longtemps. Or, il faisait partie de nos plans dans les premières lignes. Son absence a déséquilibré l’équipe et nous avons donc recruté Niklas Salo à la fin du mois de septembre. C’est un joueur qui nous convenait tant sur le plan sportif que sur le plan financier. »
Comme il était dit que vous joueriez de malchance, Clément Fouquerel s’est blessé le 20 octobre après 4 minutes de jeu face à Nice…
« Avec une commotion, on ne peut jamais connaître à l’avance la durée de la convalescence et ça peut parfois être très long. Au début de la saison, Fouky et Gaëtan Richard avaient un peu partagé la cage, ça c’était très bien passé des deux côtés, et c’est tout naturellement que Gaëtan a eu sa chance en pouvant enchaîner les matchs comme un gardien n°1. Et finalement, Fouky est revenu. Nous étions satisfaits du retour de Clément et cela devait aussi permettre à Gaëtan de souffler un peu après avoir enchaîné beaucoup de matchs. Ce qui n’était pas évident non plus, il faut le souligner. Mais malheureusement, pour son retour à l’entraînement, Fouky a pris un shoot sur une main et le diagnostic est tombé : doigt cassé ! Selon les médecins, il fallait compter sur 4 à 6 semaines d’absence. Nos résultats à ce moment-là étaient en dents de scie. Nous avons alors décidé de chercher un gardien pour compenser l’absence de notre portier n°1. Nous avons eu la chance de trouver Samu Perhonen assez rapidement au début du mois de décembre. Le but était de retrouver une paire de gardiens, avec un n°1, Samu Perhonen et un n°1 bis, Gaëtan Richard. Concernant Gaëtan, il a joué 19 matchs avec 6 victoires et 13 défaites. Insuffisant pour pouvoir espérer jouer les playoffs, et un peu mieux si possible. Quant à Samu Perhonen, si ses débuts ne se sont pas révélés payants à Chamonix où nous avons connu un match très compliqué pour toute l’équipe, il a ensuite enchaîné avec de très belles performances et ça nous a remis sur les rails. »
Stéphan Tartari : « Une saison un peu particulière »
Et quand Clément Fouquerel est revenu, vous vous êtes retrouvés avec trois gardiens…
« Dans tout contrat, il y a une période d’essai obligatoire de 15 jours en milieu de saison. Et c’est vrai que les performances de Samu nous ont convaincus de le conserver car nous ne voulions pas prendre le risque d’une rechute de Fouky ou d’une blessure de Gaëtan, lequel avait enchaîné les matchs. Sans oublier qu’au retour de Fouky il lui faudrait aussi un peu de temps pour retrouver son niveau et la confiance. L’enjeu était trop important. »
Puis est arrivée la grosse déception. Hunter Warner n’est pas revenu des États-Unis après la trêve internationale de décembre. Que s’est-il passé ?
« Ce fut une grosse surprise ! Il a refusé de revenir à la date prévue. Son agent qui nous avait dit qu’il se plaisait vraiment à Bordeaux, qu’il était très bien traité, a été tout aussi surpris que nous ! Hunter était très posé, très respectueux, très bien intégré. Il avait une superbe attitude. Nous lui avions donné 2-3 jours de plus que les autres joueurs à sa demande parce qu’il voulait régler un problème concernant sa maison aux États-Unis. Et finalement, la veille de la date prévue de son retour, il nous a téléphoné pour nous dire qu’il ne pouvait pas rentrer et qu’il reviendrait 3 semaines plus tard ! Nous lui avons dit que ce n’était pas possible. Et depuis ce jour-là, nous n’avons plus eu de nouvelles de sa part. Il n’est pas acceptable qu’un joueur décide quand il doit revenir ou pas ! Et nous avons enclenché la procédure de licenciement pour abandon de poste. Il s’est passé quelque chose dans sa vie personnelle. Ce qui est le plus étonnant, c’est que même les joueurs n’ont plus de contacts avec lui. »
Et il a fallu trouver un joueur pour le remplacer…
« Oui. Nous avons donc réagi tout de suite et nous avons trouvé un nouveau défenseur en la personne de Miloslav Jachym. Nous cherchions un défenseur physique avec une bonne relance et de l’expérience. Nous sommes très satisfaits de lui. Et pour nous, Hunter Warner, c’est du passé ! »
Avec le non-retour d’Hunter Warner, certains ont fait le rapprochement avec le départ discret l’an passé de Viktors Jasunovs peu de temps après son arrivée…
« Il avait un superbe appartement, il a été très bien reçu. Peut-être ne se plaisait-il pas ici, peut-être n’avait-il pas le temps de jeu qu’il voulait ? Il est parti du jour au lendemain. Il n’était en tout cas pas très courageux pour venir nous en parler et il a décidé de partir comme un voleur. Chez les Boxers, il n’y a pas de problème particulier. Est-ce nécessaire de rappeler que chaque année, quand nous arrivons au moment des négociations, 90 à 95% des joueurs veulent rester à Bordeaux ? Et nous recevons beaucoup de propositions. Nous n’aurions pas des joueurs de cette qualité si tout ne se passait pas correctement. »
Outre le licenciement de Hunter Warner, une défaillance d’un tout autre ordre a frappé la défensive avec la grave blessure à l’épaule de Kevin Spinozzi…
« C’est le coup dur ! Ce n’est pas une entorse, ce n’est pas une acromio, c’est une opération ! Et là, c’est deux à trois mois d’absence. Le calcul est vite fait. Ça nous amène à mi-mars/fin mars. À moins d’un miracle, c’est une fin de saison ! Bien sûr qu’au niveau sportif, nous perdions alors un top-défenseur dont l’absence a déséquilibré l’équipe. Et même si ça a permis à Mattéo Mahieu d’avoir du temps de jeu, il nous manquait un défenseur. À ce moment-là, nous avions un attaquant de plus par rapport à l’effectif de début de saison, à savoir Niklas Salo, puisqu’Alexandre Mulle est revenu entre temps. Concernant les gardiens, nous avons fait le point avec Gaëtan Richard. On ne lui a pas caché que dans la hiérarchie, il était pour nous le numéro 3, compte-tenu de sa saison. C’était logique par rapport à ses statistiques. En bonne intelligence, nous lui avons dit que nous ne voulions pas bloquer son développement, alors que nous avons toujours eu de bonnes relations avec lui. Et que nous ne nous opposerions pas à son départ si un club le sollicitait. Et Cergy-Pontoise nous a contactés. Nous avons alors fait le point avec lui et il s’est dit favorable. Ça s’est bien passé, et rapidement. Et nous sommes très heureux pour Gaëtan. À lui maintenant de s’imposer dans son nouveau club. Pour notre part, nous avons retrouvé une situation normale avec deux gardiens. Et c’est à ce moment-là que nous avons déclenché notre dernier recrutement pour remplacer Kevin Spinozzi. »
Henri Auvinen est arrivé. La trêve lui a permis de s’intégrer dans le groupe, et il devrait donc être opérationnel mardi face à Briançon…
« C’est un joueur d’expérience, de qualité. Ce n’est pas un Kevin Spinozzi, c’est un défenseur-défensif solide, qui devrait nous permettre d’être performants pour atteindre les playoffs et de nous classer le mieux possible. Ça se rapproche, mais la route est encore longue. Nous nous retrouvons donc avec un seul joueur en plus par rapport au début de saison. Il n’y a pas eu de folies de faites ! Certes, ça fait beaucoup de mouvements, mais il fallait remplacer des joueurs qui étaient importants pour nous. Cela montre bien que nous sommes ambitieux et que nous voulons faire le maximum pour aller le plus loin possible. »
Le joueur en plus est, bien entendu, Niklas Salo qui s’est blessé. Quand peut-on espérer le revoir sur la glace ?
« Très prochainement. Quant à Julien Guillaume il fera de retour face à Briançon mardi, et pour Niklas. »
Pour terminer, avant la reprise mardi à Mériadeck face à Briançon, quelle est aujourd’hui ta vision de ce qu’est capable de faire cette équipe ?
« Il faut rester toujours très prudents. Nous voyons bien que ces derniers temps, les matchs sont au couteau. Nous sommes dans le money time ! Le niveau, l’intensité, la tension, tout est monté d’un cran ! Nous pouvons constater qu’un petit trou s’est creusé avec la huitième place, mais rien n’est fait. L’avantage que nous avons, c’est qu’en cas d’égalité avec Chamonix, Anglet ou Mulhouse, nous serons devant au classement grâce au goal-average direct (nombre de points pris face à chaque adversaire), mais nous ne serons pas devant Nice. Pour Gap, Cergy-Pontoise et Amiens, il reste un match à jouer contre chacune de ces trois équipes… »
Recueilli par Claude Canellas