Patrick McEachen, la bonne pioche

Après avoir disputé une demi-finale de Saxoprint Ligue Magnus pour sa 2ème saison dans l’élite, le club Bordelais est parti à la pêche au gros pour renforcer son effectif. Première prise dans ses filets au mois d’avril : le défenseur Canadien Patrick McEachen, tout juste Champion de France avec Gap. Le début de saison a confirmé que les Boxers avaient fait une très bonne pioche.

Mine de rien « Patoche » pour les intimes vient de débuter à 26 ans sa 3ème saison en France après 2 belles années sous les couleurs Gapençaises qui lui ont valu de remporter une Coupe de la Ligue et la Coupe Magnus en ayant marqué 69 points (17 buts, 59 assistances) en 93 matchs.

Après ses années universitaires où il avait porté le maillot de l’équipe de l’Université Queen’s à Kingtson dans l’Ontario jusqu’en 2014 tout en réussissant ses études d’économie, il avait rejoint les Everglades de Floride puis les Gladiators de Gwinnett en ECHL (East Coast Hockey League). Puis il va prendre une nouvelle direction…

« C’est vraiment au dernier moment que j’ai décidé de venir en Europe. J’avais la chance d’être en contact avec Luciano Basile et j’ai eu une bonne impression de lui et du club de Gap. J’ai saisi la chance un mois avant le début de la saison ! Et heureusement ça a marché« , précise le n°50 des Boxers qui, au bout d’une saison dans les Hautes-Alpes, est reparti en Amérique du Nord pour rejoindre son ancien club des Gladiators de Gwinett, délocalisé entre temps à Atlanta.

« Le club n’a pas tenu toutes ses promesses. J’ai donc pensé à revenir en Europe, et j’ai contacté de nouveau Gap. J’ai eu de la chance, ils avaient perdu un défenseur pour la saison et ils m’ont repris« , raconte-t-il. Revenu en France au mois d’Octobre il allait imposer un peu plus son leadership notamment en demi-finale de la Saxoprint Ligue Magnus face… aux Boxers !

« Vraiment deux saisons incroyables. Je n’ai que du positif à en dire« , avoue-t-il. Et pourtant il va quitter le club Champion de France…

« Il faut se rappeler que Luciano avait annoncé qu’il allait partir. Dès lors, on savait tous qu’on n’allait pas rester, on savait que c’était fini. On voulait chercher ailleurs. Et j’ai eu le contact avec Bordeaux. J’étais vraiment très intéressé. Ça s’est fait vite, 1 semaine après avoir gagné la Coupe. Je cherchais un club avec plus de stabilité, qui allait vers l’avant et Bordeaux correspondait à ça en ayant joué une demi-finale après seulement deux ans en Saxoprint Ligue Magnus. C’est un club qui a de grandes ambitions. J’ai signé 2 ans parce que je crois dans le projet et que je veux y participer« , confie le joueur originaire de l’Ontario.

C’est en effet à Stouffville, ville située au Nord de Toronto, que le défenseur Bordelais a vu le jour. Il a grandi avec ses deux sœurs, jumelles nées 2 ans plus tard, entre un père chef d’entreprise dans la construction et une mère travaillant dans le milieu médical. « Ma mère a pris sa retraite il y a 1 an. Maintenant, elle joue beaucoup au golf« , sourit Patrick McEachen.

Papa McEachen qui lui avait joué au hockey sans pour autant atteindre l’élite de ce sport roi au Canada, a mis le petit Patrick sur des patins dès l’âge de 3-4 ans. « Et je suis tombé amoureux de ce sport« , avoue le joueur Bordelais qui indique avoir « également joué au football mais j’ai arrêté vers l’âge de 12-13 ans pour me consacrer au hockey, et puis je joue toujours au golf l’été« , ajoute-t-il.

Dès l’âge de 5 ans il jouait avec les Stouffville Clippers, un club dont il a défendu les couleurs jusqu’en 2009 pour une dernière saison en tant que capitaine ce qui lui a valu d’être repéré par les recruteurs de la NHL et d’être inclus dans la liste des joueurs à surveiller. Il avait alors 18 ans et rejoignait les Dukes de Wellington (CCHL). Il est passé l’année suivante par les Steelheads de Mississauga (OHL) avant l’université.

Tout cela raconté dans un français parfait. Il faut dire qu’avec un père originaire de Toronto et une mère québécoise, Patrick McEachen a toujours parlé anglais et français dans la maison familiale. « Ma mère m’a mis dans une école en immersion en Français jusqu’à 13-14 ans« , raconte l’ancien gapençais, qui a remporté un concours de discours en français à la Glad Park Public School de Stouffville, obtenu un Prix académique d’histoire du Canada à l’école catholique Frère André et un diplôme de français oral et écrit ! Tout s’explique.

Mais après ces années d’apprentissage du français, il allait rester quasiment 10 ans sans plus pratiquer la langue de Molière.

« Je n’aurais pas dû arrêter car en France, j’ai mis quelques mois pour retrouver les mots et les expressions. J’ai choisi de venir en France aussi pour reprendre le Français mais je suis aussi tombé amoureux avec la vie ici, la Ligue et les gens. C’est pour ça que je suis resté« , précise-t-il.

Une bonne idée pour les Boxers de Bordeaux qui profitent déjà de ses grandes qualités même si l’équipe n’a sans doute pas encore trouvé son rythme de croisière.

« La saison est à peine commencée, on n’est pas encore au niveau où veut être, mais ça ne m’inquiète pas. L’année dernière, en début de saison, personne ne pensait qu’avec Gap on allait gagner la Coupe. Le but ce n’est pas d’être la meilleure équipe dans la première moitié de la saison mais de l’être dans la deuxième partie et dans les playoffs. Je pense qu’on a le potentiel pour gagner la Coupe Magnus. Je pense qu’on fait partie des quatre ou cinq équipes qui vont avoir une chance de gagner cette année« , dit-il avec conviction.

Leader technique sur la glace, il reconnaît n’être pas de ceux qui parlent dans le vestiaire, sauf quand il juge que c’est nécessaire.

« Je suis plutôt un gars qui vient à la patinoire pour travailler fort chaque jour. J’essaye de montrer l’exemple, d’améliorer mon jeu chaque jour un peu plus« , souligne le spécialiste des supériorités numériques.

La greffe McEachen commence en tout cas à prendre.

« J’adore la patinoire. À part quelques difficultés avec la glace. Il y a toujours de l’ambiance, beaucoup de supporters, ça me plaît beaucoup« , dit-il ajoutant qu’il aime autant la région.

« Je suis arrivé début août. On a eu la chance d’aller à Arcachon avec l’équipe. C’est un endroit tellement beau ! Et la ville de Bordeaux, c’est vraiment top. Une ville incroyable, très belle, les gens sont sympas ! Il y a toujours quelque chose à faire. Oui, ça me plait beaucoup. Je ne m’attendais pas à ça« , conclut ce joueur attachant qui n’a pas encore montré toute l’étendue de son talent. C’est dire.