Olivier Dimet : « Je crois vraiment au potentiel de cette équipe ! »

Olivier Dimet aurait aimé pouvoir travailler avec ses joueurs dans la continuité, mais l’épidémie de Covid-19 a perturbé la période de préparation. Samedi, les Boxers de Bordeaux reprennent la compétition là où ils l’ont laissé la saison dernière : face à Angers, dernier adversaire en quart de finale. Mais pour le coach, cette saison qui s’annonce avec la crise sanitaire en toile de fond devrait être une nouvelle page qui s’écrit pour le club et qui clot un chapitre dans son histoire, avec un effectif renouvelé, le déficit financier résorbé et des ambitions assumées.

Avant ce début de saison Samedi à Angers, peux-tu nous faire un point sur la préparation perturbée par la crise sanitaire ?

« C’est une situation inédite qui perturbe tout le monde et demande à s’adapter au quotidien. On avait prévu de reprendre progressivement avec une préparation en 2 étapes. Une première du 10 août jusqu’à la fin du mois, basée sur la réathlétisation, le retour des sensations, afin que les joueurs ne se blessent pas au niveau musculaire et tandineux puisqu’ils avaient connu une grosse coupure, une intersaison particulière puisque les joueurs étaient un peu livrés à eux-mêmes du fait du confinement. Cela dit, on a été agréablement surpris par leur état de forme, mais il fallait reprendre en douceur. On devait ensuite attaquer une deuxième phase collective à partir de début Septembre jusqu’à la reprise du championnat Samedi. Malheureusement, on a été touché par le Covid, comme tout le monde le sait, et ça a cassé la dynamique, le rythme de notre préparation, et on a perdu 15 jours importants sur nos systèmes collectifs. Ces 15 jours-là aujourd’hui nous posent problème parce qu’on a pris du retard dans le travail sur notre jeu collectif et même sur le plan physique. Il a fallu faire du condensé la semaine dernière et cette semaine pour essayer de rattraper le retard mais on sait très bien que ce qui est perdu est perdu. Ce n’est pas une excuse, loin de là. On a essayé de récupérer tout ça, mais ça a des incidences sur le collectif puisque que les automatismes ne sont pas encore bien huilés et les systèmes ne sont pas encore bien imprégnés, même physiquement. Il a fallu pousser un peu avec 2 matchs de préparation le week-end dernier contre Anglet et on a eu quelques petits bobos à l’issue. Ce sont des choses qu’il faut, en quelque sorte, gérer »

Malgré cette préparation tronquée, l’équipe sera-t-elle prête à attaquer le championnat Samedi ?

« Oui, on va être prêt, mais j’aurais voulu faire plus d’essais, voir quelles sont les meilleures associations. Quand on change 50% de l’effectif, c’est l’objectif qu’on se fixe. Mais du coup je suis allé directement vers l’idée que j’avais en tête et il faut que ça marche. Il y a de bonnes choses, d’autres qui sont moins bonnes, mais ce n’est pas surprenant quand on manque de temps. Je dirais que les premiers matchs de championnat vont permettre au staff de se régler encore. Cela ne veut pas dire qu’on ne va pas se présenter pour gagner les matchs, mais aujourd’hui, il va nous falloir quelques matchs de championnat pour trouver la meilleure alchimie entre les lignes. L’avantage c’est qu’on sera en situation réelle, on ne sera pas en match amical où les joueurs n’étaient peut-être pas à 200% »

Malgré tout, ces 3 matchs amicaux t’ont-ils permis d’avancer, d’avoir des confirmations sur ton équipe et de rattraper un peu du retard accumulé ?

« Oui, des confirmations on en a. L’objectif de notre recrutement était d’avoir des joueurs beaucoup plus percutants, notamment à l’offensive, et je pense qu’effectivement on a un potentiel très intéressant à ce niveau-là. Malheureusement, je pense qu’on a encore beaucoup à travailler défensivement, mais là il s’agit d’automatismes, d’habitudes, de rigueur et ce n’est pas en une semaine qu’on peut mettre les choses totalement en place. Les premiers matchs de championnat vont nous y aider. Ce qu’on a vu aussi c’est que l’équipe a du caractère. On a été malmené sur le deuxième match face à Anglet au cours duquel on a été mené 2-0. On a été capable sur un troisième tiers de revenir au score, d’aller gagner le match aux penaltys. Et à Nantes mardi, on fait un mauvais début de match et derrière on reprend le jeu à notre compte. Et ça s’est mieux déroulé sur la fin malgré des faits de jeu, des absences, qui font qu’on a démarré à 4 lignes et on finit à 3. Des points positifs, il y en a. Je crois vraiment au potentiel de cette équipe. Maintenant, comme je le disais, il y a des points négatifs parce qu’on doit encore travailler pas mal d’aspects du jeu, au niveau défensif et au niveau de l’efficacité dans différentes situations, notamment le powerplay« 

Compte-tenu de cette situation, vas-tu mettre en place lors des premiers matchs, un système entre ce que tu penses du potentiel de ton équipe et ses capacités actuelles ?

« Non. On est parti sur un système et je pense que ce ne serait pas bénéfique d’aller sur quelque chose d’hybride. Il faut qu’on se mette en situation réelle et la meilleure des choses, c’est de pouvoir enchaîner les matchs et se roder au fur et à mesure. Maintenant, il y a des petites adaptations sur les équipes qu’on joue mais je veux qu’on ait une identité de jeu, que les joueurs s’en imprégnent, et qu’à partir de là tout le monde trouve sa place et devienne performant par rapport au jeu qu’on veut mettre en place. Bien entendu, pour le premier match on va à Angers, un des favoris du championnat qui a eu, contrairement à nous, une préparation sans accroc. On risque certainement de subir le jeu bien que j’aimerais avoir la possession du palet plus que l’adversaire. On aura d’autres matchs où ce sera possible. Ce match va nous permettre de voir où on en est, de prendre la température de l’équipe »

Comme tu le disais, l’effectif a été renouvelé à 50%. Le choix s’est porté sur des joueurs pouvant répondre à un type de jeu que tu souhaitais. Malgré les 2 semaines d’arrêt, est-ce que tu sens aujourd’hui que cette équipe correspond bien à cette volonté ?

« Je pense aujourd’hui que le recrutement a été de qualité, que les profils de joueurs qu’on a identifiés correspondent à ce qu’on voulait mettre en place. Mais il est encore un peu tôt pour tirer des enseignements. Je pense qu’on a le potentiel pour atteindre les objectifs qu’on s’est donnés. En tout cas en termes de jeu avec une équipe qui maîtrise mieux le palet, qui soit plus efficace à l’offensive, qui soit plus percutante, qui soit intense. On a des joueurs d’expérience avec un vécu qui sont arrivés, qui vont nous amener cet esprit de gagne, ce qui est important. On sent déjà que les joueurs qui sont arrivés amènent ça, en complément de ceux qu’on avait déjà, en qui on a confiance, et avec qui on voulait s’inscrire dans un projet à court et moyen terme. Oui, aujourd’hui, je suis satisfait de notre groupe. Mais on sait très bien que la seule chose qui compte ce sont les résultats. On a fait 3 matchs amicaux, des matchs qui sont faits pour se mettre en place, mais ce qui compte vraiment, ce sont les matchs de championnat, et voir comment l’équipe va réagir dans les bons comme dans les mauvais moments. Je suis assez confiant »

Pour le match à Angers, pourras-tu disposer de tout ton effectif ?

« Il y a encore quelques incertitudes puisque déjà Mardi à Nantes Johan Skinnars et Olivier Labelle n’ont pas pu jouer en raisons de douleurs musculaires, Andrew Johnston a dû s’arrêter après le premier tiers. Julien Guillaume revenait d’une blessure aussi. Ce ne sont pas des blessures trop graves. Seront-ils tous remis samedi sans qu’on prenne de risques ? Ce que je sais que tous les joueurs ont envie de répondre présent sur ce premier match« 

A Bordeaux, la jauge des événements sportifs a été ramenée de 5 000 à 1 000 personnes, soit moins d’un tiers de la capacité de Mériadeck. L’expérience a été faite lors du deuxième match contre Anglet. A ton avis, cela pose-t-il un problème ou bien est-ce que l’équipe s’adapte ?

« En toute franchise, c’est triste. Je pense que le sport, c’est de l’émotion, du partage, de la communion avec son public, ses supporters, ses partenaires. Et là d’avoir une patinoire au tiers plein, c’est malheureux. Maintenant, la santé est prioritaire, et sur les mesures prises on n’a pas grand-chose à dire. On a juste le souhait que ça revienne le plus rapidement possible à la normale, en tout cas au niveau de la jauge. Jouer devant une patinoire vide ou pleine, ce n’est pas la même chose, même si notre travail sur la glace est le même. Mardi, on va attaquer le match pour le gagner mais l’appui du public de Mériadeck est un plus indéniable pour l’équipe. Et on est triste avant toute chose pour les gens qui ne pourront pas venir, parce qu’on a à cœur de leur offrir un autre spectacle. On a pris bonne note de leur déception lors des 2 dernières années. On a envie d’offrir plus de victoires à la maison à notre public et si en plus on peut faire du spectacle, ce sera une très bonne chose »

Nouvelle équipe, nouveau championnat, l’objectif est-il différent de la saison précédente ?

« Le président a été clair. Quand on s’inscrit dans une compétition, c’est pour aller le plus loin possible. Et le mot d’ordre aujourd’hui, c’est d’avoir de l’ambition. Tout en sachant d’où on vient et où on se situe. On sait que dans ce championnat il y a 3 cadors, 3 tenors qui sont Grenoble, Rouen et Angers. Nous on a envie de se rapprocher au plus près de ces équipes-là. On va avoir de nouveau un championnat à mon sens très équilibré, très homogène. Chaque équipe s’est renforcée à l’intersaison. On risque d’avoir une Synerglace Ligue Magnus, si elle va au bout, très serrée. Nous on regarde vers le haut du tableau. On veut écrire l’histoire des Boxers de Bordeaux en remportant un trophée à court ou moyen terme« 

Débuter une saison sans point de pénalité contrairement aux 2 années précédentes, est-ce que ça fait du bien ?

« C’est sûr que ça fait du bien. C’est aussi un signal fort dans le sens où le club va mieux. Le déficit d’il y a 3 ans a été épongé en 2 saisons. Il faut féliciter le président Thierry Parienty et son équipe d’avoir remis les compteurs à zéro. D’un point de vue sportif c’est sûr que c’est toujours agréable de démarrer avec 0 plutôt qu’en étant négatif. Cela dit, en toute franchise, il n’y avait que – 3 points et on savait qu’avec une victoire ça allait revenir vite. Je ne peux pas parler pour l’année d’avant, c’était – 9 points, et là on sait que pour 3 ou 4 journées au moins on reste dans le négatif. Aujourd’hui, le soulagement au niveau des joueurs c’est que le club va mieux, et ça mentalement ça fait du bien. C’est un signal positif qui a été envoyé par la direction aux joueurs, aux supporters, aux partenaires »

Nouvel effectif, nouvelles ambitions, mais au niveau du staff et des structures quelles sont les évolutions ?

« Le club grandit petit à petit et chaque année. Il y a eu une crise de croissance forte au début avec la montée en Synerglace Ligue Magnus. Malheureusement, il y a eu un coup d’arrêt avec ce déficit, et aujourd’hui il y a de la stabilité pour aller chercher de la performance. Au niveau du staff, pour moi c’était ma première année, j’ai essayé d’amener ma pâte. Et là c’est l’année 2. Déjà pour moi c’est plus facile de mettre des choses en place qui me correspondent et qui me conviennent. La confirmation de Julien Desrosiers à plein temps en tant qu’entraîneur-adjoint va dans la continuité de ce qu’on voulait mettre en place. C’est-à-dire une liaison avec le hockey mineur, les U20, et Julien fait partie de cette passerelle »

Recueilli par Claude Canellas