Maxime Moisand : « Notre mal a été de ne pas assez marquer ! »

Le capitaine des Boxers de Bordeaux revient sur les playoffs perdus en quart de finale au match 7 face à Amiens et sur l’ensemble de la saison qui nourrit chez lui quelques regrets. Maxime Moisand tire aussi un bilan sur les 3 années avec Philippe Bozon et évoque l’arrivée d’Olivier Dimet dont il espère qu’il sera son coach la saison prochaine…

Vous avez cédé face à Amiens en quarts de finale lors des 2 derniers matchs de la série. Qu’a-t-il manqué aux Boxers pour passer ce cap ?

« Peut-être que physiquement on était un peu courts. Je pense qu’on n’a pas réussi à mettre la pression qu’on avait mis lors des précédents matchs de la série. On a eu aussi un peu moins de réussite. Et puis il y a des matchs qu’on a gagnés, je pense au premier, où Fouky avait tenu la baraque à lui tout seul. On avait eu ensuite un peu plus de réussite. Et sur le match 6 à la maison, on a été un peu moins agressifs mais on a eu de la réussite aussi. Le match 7, on a fait un mauvais début et ensuite on n’a pas su se remettre dedans. Ils ont eu des contres assez favorables au début, ils nous ont mis une grosse pression mais on n’a pas su matcher ça et voilà le résultat. Sur les deux derniers matchs, il n’y a pas photo. Il n’y a pas de regrets à avoir sur la série »

Durant ces playoffs, l’agression dont a été victime Julien Desrosiers a-t-elle joué un rôle dans le comportement de l’équipe ?

« Disons qu’on s’est un peu pénalisés tout seuls parce que c’est nous qui avons lancé un peu ça et au final on a perdu 2 joueurs dans cette histoire. C’est un peu dommage ce qui est arrivé. Mais cela ne nous a pas empêché de faire un match 5 très bon à l’extérieur, pour moi le meilleur de la série, ce qui nous donnait beaucoup d’ambitions pour la suite mais on n’a pas su tenir ça sur les matchs 6 et 7″

Revenons sur la saison régulière. Vous l’avez démarré comme une bombe et puis c’est devenu plus difficile, vous êtes devenus une équipe inconstante avec une période très difficile au mois de Novembre. Comment l’expliquer ?

« C’est un peu le schéma des 3 saisons que j’ai passé à Bordeaux, avec de très bons débuts de saison, des mois de Novembre entre les deux trêves très compliqués. Les 2 autres saisons, c’est vrai qu’on a mieux fini et on a fait de très bons playoffs mais cette année on n’a pas su relever la tête, et on est restés inconstants »

La pénalité de 9 points a-t-elle joué un rôle ?

« Non, on a rattrapé ça rapidement donc on était dans les clous pour faire une très bonne saison. C’est juste que la confiance de l’équipe a commencé à chuter, on a eu énormément de mal contre les petites équipes, du mal à produire du jeu, à marquer. On a connu un peu les mêmes maux que chaque année. Là c’est tombé un peu moins bien pour nous. On avait un peu les mêmes schémas. L’année dernière on avait l’avantage d’avoir un très bon powerplay mais cette année ça a été un peu plus compliqué. Fouky a été très bon, Julian quand il est rentré a été très bon. Défensivement, je pense que ça a été relativement correct. On a pris assez peu de buts hormis 2 matchs contre Rouen et Grenoble où on en a laissé pas mal. Notre mal a été de ne pas assez marquer »

L’inconstance chaque année, le fait d’avoir des difficultés contre les plus petites équipes… Y aurait-il un tropisme Bordelais ?

« Il y a peut-être un manque de confiance. On démarre toujours très bien et puis au fur et à mesure où la saison avance on a parfois du mal à appliquer notre système correctement. C’est peut-être un peu de suffisance, un manque de confiance ou au contraire un excès. Ce n’est pas facile à expliquer parce que si on avait les réponses peut-être que ça ne se serait pas passé comme ça. Dans tous les cas, il manquait quelque chose »

Comment se fait-il que les leçons ne soient pas retenues puisque c’est chaque année à peu près la même chose ?

« Il y a une grosse erreur dans les intentions. Le meilleur exemple est le dernier match contre Strasbourg. On n’a pas respecté l’adversaire, il faut être honnête. On n’a pas fait ce qu’il fallait, on a fait des erreurs très grossières. Sinon lors des autres matchs je n’ai pas eu l’impression d’avoir affaire à une équipe qui n’était pas motivée, qui n’était pas impliquée. Mais on a un jeu qui est efficace pour contrer les équipes adverses et ça marche bien contre des équipes comme Rouen qui contrôlent le palet mais quand il a fallu prendre le jeu à notre compte on n’a pas été bons. On voulait peut-être trop en faire. Ça peut être un peu de suffisance dans le fait qu’on n’a pas fait les mêmes efforts et qu’on aurait peut-être dû jouer comme contre les grosses équipes. On pensait qu’on avait suffisamment de talent et de qualités pour pouvoir contrôler le match… « 

C’était conscient ou inconscient ?

« Oui, c’était conscient. Avec l’équipe qu’on avait, on pensait pouvoir se donner un peu de libertés en produisant un peu plus de jeu alors que notre système ne nous permet pas de le faire. On a système pour jouer en contre et dès qu’on a voulu créer un peu plus, on n’en a pas été capables. C’est un manque de confiance et à certains moments un peu de suffisance quand on a fait de bons matchs contre les grosses équipes et que derrière on jouait contre des équipes un peu plus faibles. C’est compliqué de faire une analyse complète, mais ce que je peux dire c’est qu’il n’y avait pas un manque d’implication, pas de manque de motivation de la part des joueurs »

Penses-tu que cette année l’effectif était un peu juste sur le plan de la profondeur de banc ?

« Non, pas du tout. On a eu des blessés, comme toutes les équipes et ce n’est pas pour autant qu’elles ont eu des creux comme nous. Notre effectif était très bon. Il y a eu peut-être un moment ou deux où comme un match à Rouen où on était très court en effectif. On avait notamment Vince Tartari et Tanguy Auger qui avaient eu beaucoup de temps de jeu, des jeunes qui ne jouaient pas forcément quand l’équipe était au complet et pourtant on a fait de très bons matchs de hockey. On avait suffisamment de qualités pour tenir toute la saison. Le problème ne vient pas de la profondeur mais de ce qu’on a fait sur la glace. On n’a pas su être bons tout au long de la saison, et surtout on n’a pas su jouer des matchs qu’on aurait dû gagner »

La blessure et la fin de carrière de Max Sauvé, un top-player, son non-remplacement a-t-il joué un rôle ?

« Ça joue parce qu’on perd un excellent élément et qu’on ne le remplace pas. Mais on a quand même récupéré Julien Desrosiers qui finit meilleur pointeur sur les matchs qu’il a joué. Il a été remplacé pas par un joueur venu de l’extérieur mais par un joueur qui est revenu et qui a apporté énormément à l’équipe, qui a marqué des buts-clé. Il y a des prolongations qu’on est allé chercher grâce à lui, il mis énormément de passes et de buts importants. Au final est-on perdant ? Je ne suis pas sûr. C’était un coup dur de perdre Max, mais on ne va pas se cacher derrière sa blessure pour expliquer les résultats de cette année »

On vient de vivre 3 ans avec Philippe Bozon comme coach. Les mêmes 3 années avec toi comme capitaine. Quel bilan tires-tu de ces 3 années ?

« Je pense qu’il a amené beaucoup de professionnalisme dans le club et dans l’équipe. C’est quelqu’un qui est très exigeant et il apporté beaucoup en terme de haut niveau, d’exigence, de combativité, d’exemplarité. Je pense ça a servi énormément au club. Sur les saisons sportives, on a quelques regrets. On avait de très bons effectifs, on a su faire une grosse série en demi-finale l’année dernière qui aura été pour moi le point culminant de ces 3 années. On n’est pas passé loin de bousculer Grenoble qui est une énorme armada. On peut avoir un peu de regrets cette année. On n’a pas su jouer à notre niveau. Je pense que, globalement, le système défensif était très satisfaisant, apportait beaucoup. C’est quelque chose qui est très demandant physiquement. Il a su amener beaucoup de rigueur. Il aura donc fait progresser le club durant ces trois années »

Philippe Bozon va être remplacé par Olivier Dimet. Qu’en penses-tu ?

« Il a su structurer un projet à Anglet et faire remonter le club au niveau où il était. Des échos que j’ai eu des joueurs, c’est quelqu’un qui était très aimé, qui est dans un style complètement différent de Philippe Bozon. La méthode va changer complètement mais c’est très intéressant de voir ce qu’il a été capable de faire. C’est quelqu’un qui est plus sur la communication, sur le côté humain mais qui sait aussi faire de la vidéo, de la tactique et qui sait être dur quand il le faut. Je pense que ça va peut-être apporter une nouvelle dynamique. C’est un projet qui est très intéressant »

Est-ce un projet dans lequel tu vas t’inscrire ?

« On verra ça dans les jours qui viennent. Je pense qu’on va se rencontrer avec les dirigeants du club. Etant donné mon implication dans le club, bien sûr j’ai envie de rester et le club m’a fait savoir qu’il souhaitait que je reste. Maintenant il faut discuter. A priori, il n’y a pas de raisons… »

Propos recueillis par Claude Canellas