Maxime Moisand : « Se concentrer sur notre identité ! »
Joueur d’expérience, Maxime Moisand se veut lucide malgré les 6 victoires en 7 matchs depuis le début de la saison. Il souligne dans cet entretien que rien ne permet de s’enflammer. Ravi d’encadrer des jeunes joueurs « très intelligents », le défenseur bordelais se dit convaincu que le salut de l’équipe, à la veille de disputer le 1er match de Coupe de France mardi soir à Brest et de se déplacer deux autres fois dans la continuité en championnat à Cergy et Grenoble, passe par l’affirmation de son identité.
Comment expliques-tu ce début de saison étonnant pour ne pas dire inattendu que vous faites avec 6 victoires en 7 matchs malgré un effectif rajeuni et réduit en nombre ?
« Après les matchs de préparation, nous avions beaucoup de défaites à encaisser, à digérer. Et nous nous sommes simplement dit qu’il fallait que nous soyons plus agressifs, plus durs à jouer, que nous jouions à fond quel que soit l’adversaire. Et ça nous a donné une nouvelle dynamique pour commencer le championnat. Déjà à Rouen lors de l’ouverture nous avons senti qu’il y avait du mieux, et après nous avons enchaîné de très bons matchs, contre Mulhouse, Angers notamment, et depuis deux-trois matchs nous avons un peu plus de réussite car ce sont des matchs que nous n’aurions pas forcément mérité de gagner. Nous n’allons pas nous plaindre, mais dans ce début de saison tonitruant, tout n’est pas parfait, loin de là. Il y a beaucoup de choses à travailler. »
Tu parles des matchs que vous ne méritiez pas forcément de gagner. Celui contre Briançon vendredi à Mériadeck en est sans doute la meilleure illustration. Vous avez arraché la victoire dans les dernières minutes grâce à cette caractéristique de l’équipe de ne jamais rien lâcher. Est-ce qu’aller à Brest mardi pour la Coupe de France, changer de compétition, remettre le compteur à 0 peut-il vous faire du bien ?
« C’est juste un autre match à jouer, peu importe la compétition, peu importe l’adversaire. Nous devons toujours garder notre identité et la répéter au fil des matchs. Maintenant, nous savons ce qui nous attend. Vu nos prestations et notamment celle face à Briançon qui était plus que moyenne, nous savons que la moindre défaite peut nous mettre dans une dynamique un peu plus négative et nous plonger dans un moment de doutes. Nous allons jouer une très bonne équipe de D1, chez elle. Ça va être compliqué. En général les équipes de D1 qui rencontrent une formation de Ligue Magnus ont une grosse envie, sont surmotivées, et ça devrait être un gros combat. Pour préparer ce match, notre volonté est d’abord de se concentrer sur notre identité. Si nous sommes capables d’être agressifs tout le temps et partout sur glace, peu importe l’adversaire, nous arriverons à les mettre à mal. C’est ce que nous avions réussi à faire contre Rouen. C’est la priorité. Ensuite, il y aura des ajustements tactiques à faire par rapport à cette équipe de Brest. Ce sont des choses que nous voyons au dernier moment à la vidéo et sur lesquelles nous pouvons nous ajuster. »
Avec cette volonté de prendre les matchs de la même façon quel que soit l’adversaire et avec cette caractéristique de l’équipe de ne jamais rien lâcher, la coupe n’est-elle pas taillée pour vous ?
« La coupe c’est la plus facile des compétitions dans le sens où on peut remporter le trophée en gagnant 5 matchs d’affilée. Gagner un trophée c’est très rare dans la vie d’un joueur professionnel, et là le faire en 5 matchs c’est une opportunité. Cela dit, la route est longue, il y a beaucoup de surprises, ce n’est pas toujours l’équipe qu’on attend le plus qui gagne la Coupe de France donc nous savons que nous avons nos chances mais il ne faut se projeter un peu trop loin et on va se donner pour objectif de passer le 1er tour. »
Avec ce match à Brest vous allez vous déplacer trois fois consécutivement. Avec un effectif réduit, deux joueurs majeurs sur le flanc, des bobos à droite à gauche, est-ce que ce n’est pas maintenant que ça risque le plus de lâcher ?
« Déjà, physiquement, il va falloir tenir. Nous travaillons fort, nous faisons tout pour être le mieux possible, il y a une trêve qui se prépare d’ici trois semaines, donc le but est de tout donner jusqu’à ce moment-là malgré notre effectif réduit pour y arriver avec un bilan le plus positif possible. Nous savons que ça va être très compliqué avec quatre déplacements dont ceux à Cergy vendredi et à Grenoble le mardi suivant puis nous devrons aller à Amiens, nous recevrons aussi Cergy. Nous avons eu un calendrier plutôt favorable en ce début de championnat, forcément qu’à un moment ça va s’équilibrer et il va falloir être prudent quand nous serons sur la route et que ce sera plus dur. »
Tu es un ancien dans l’équipe, tu connais bien la maison. On te demande comme aux autres joueurs d’expérience d’encadrer les jeunes joueurs. Est-ce un rôle que tu apprécies, toi qui a connu des effectifs plus riches mais sans doute pas aussi solidaires ?
« J’adore ça ! Et surtout pour une raison c’est que tous nos jeunes sont très intelligents. Quand on a affaire à des jeunes très intelligents et motivés, ce n’est que du plaisir. Alors oui, il faut leur apprendre 2-3 choses, les corriger un petit peu de temps en temps, mais avec eux ce n’est vraiment pas difficile. Et ça me rajeunit un peu ! J’aime bien passer du temps avec eux, on se marre bien. C’est vrai que par le passé, à certains moments, nous n’avons pas réussi à créer cette alchimie et cette solidarité actuelles mais il faut reconnaître que c’est beaucoup plus simple de le faire avec notre effectif d’aujourd’hui parce qu’il y a moins d’attente, avec des joueurs qui pensent collectif et n’ont pas forcément à penser à gérer leur carrière. »
Votre réussite actuelle c’est aussi lié au fait que vous avez deux bons gardiens…
« C’est sûr ! C’est une des raisons pour lesquelles il ne faut pas s’enflammer pour les victoires. Les gardiens peuvent être l’arbre qui cache la forêt. Nous savons que parfois, si Fouky ou Gaëtan quand il rentre ne nous tiennent pas dans le match, le score peut tourner complètement de l’autre côté. Et après courir après le score c’est compliqué parce que nous ne marquons pas beaucoup de buts, et qu’il faut que nous soyons bons défensivement pour gagner. Nous leur devons beaucoup, ils le savent. »
Le message du club au début de la saison, répété à plusieurs reprises, mettait l’accent sur la prudence nécessaire, sur la patience, sur le fait que l’effectif était réduit et rajeuni. Avec cette première partie de saison qui a permis d’engranger des points, ce discours n’est-il pas révisé ?
« Nous n’allons surtout pas le réviser parce que la saison est longue. Nous avons eu une bonne dynamique sur 7 matchs, mais il y en a encore 37 à jouer, donc nous n’allons pas nous enflammer, nous savons que nous aurons des moments plus difficiles durant la saison. Nous essayons de faire durer cette bonne dynamique pour creuser l’écart un maximum parce que le jour où ça va tourner, nous savons que cet écart va être mangé petit à petit par nos concurrents qui vont arriver derrière nous. Pour l’instant nous en faisons partie mais nous ne sommes pas une équipe du Top 4. Nous ne savons pas ce qui arrivera mais notre objectif reste de se qualifier pour les playoffs. Et tout ce qu’il y aura en plus ce sera du bonus. Nous en serons très contents mais nous savons d’où nous venons et il ne faut pas se déconcentrer. Nous sommes lucides sur nos performances et le staff nous le rappelle. Mais nous, les plus anciens dont ce serait le rôle de rappeler que si nous manquions d’humilité, nous nous ferions punir. Mais pour l’instant, les seules interventions que nous avons pu faire, c’était surtout sur le fait que nous devions garder notre identité et qu’au fil de la saison cela paierait. Mais les jeunes sont très lucides pour leur âge et il n’y a pas grand-chose à corriger sur les attitudes de chacun. »
Recueilli par Claude Canellas.