Mathias Arnaud, comme un poisson dans l’eau
C’est à seulement 9 ans et demi que Mathias Arnaud a chaussé pour la première fois les patins et commencé à apprendre les bases du hockey quand la plupart des joueurs débutent six ans plus tôt ! A la recherche du temps perdu, le natif de Savigny sur Orge dans la région parisienne a mis les bouchées doubles et force est de constater qu’il a parfaitement réussi dans son entreprise. Il faut dire que le hockey n’était pas le premier choix. « Quand j’étais petit, j’étais très turbulent, un peu hyperactif. C’était donc assez difficile pour mes parents parce que je courrais partout. Ils n’arrivaient pas à trouver un sport qui me canalise« , dit l’ancien Grenoblois. Né dans une famille unie, entre une maman directrice d’agence à la BNP et un papa membre du personnel d’Air France option cargo, et à laquelle est venue s’ajouter une petite sœur, Mathias est passé par le football, surtout parce que son père y avait touché étant jeune, puis l’aïkido. Mais c’est un peu le hasard qui lui a mis le hockey sur glace dans la tête. « Un été je suis parti en colonie de vacances et on a regardé un film, « Les petits champions » (film qui se déroule dans le milieu du hockey). Quand je suis rentré à la maison, j’ai dit à mes parents que j’aimerais bien faire ça« . Mais au club de Viry-Châtillon, il a été refusé en raison justement de son âge. Alors la famille Arnaud s’est tournée vers un plus petit club, Athis Paray, qui lui a ouvert ses portes. Bonne pioche pour Mathias Arnaud qui va rester 3 ans à Athis Mons et faire de gros progrès. « Quand on est petit, on ne fait pas encore de système, on patine, on joue avec le palet. A 9 ans et demi, je ne savais pas patiner mais c’est très vite venu. J’allais aux séances publiques sans cesse« , se souvient-il.
Peu à peu le palet est devenu son ami et les stages d’été lui ont permis de devenir plus fort. Au terme de trois années pleines, le club de Viry-Châtillon est finalement revenu chercher ce joueur pro en devenir. « Quand j’étais gamin, j’adorais aller à la patinoire, me dépenser. Les parents des jeunes joueurs prennent généralement le virus. Ainsi à Viry, ils se connaissaient tous, faisaient des soirées ensemble, des jours de l’An à la patinoire. On partait faire des tournois au Canada et un peu partout en France« , dit Mathias Arnaud qui décrit ainsi ces années bonheur. Mais l’investissement dans le sport au départ pour canaliser l’énergie débordante du petit Mathias n’a en rien remis en cause la détermination de ses parents à le voir réussir ses études. « Mes parents me mettaient la pression pour que je travaille bien à l’école et que je passe mes diplômes. Comme j’étais turbulent, que je ramenais sans cesse des mots dans mon carnet, pour me faire arrêter mes bêtises ils me menaçaient de me priver d’entraînement« , souligne le joueur bordelais. La méthode a du être la bonne. « J’ai eu la chance d’avoir un sport-études dans mon lycée. J’ai fait le parcours, j’ai intégré les équipes de France jeunes de 16 ans à 20 ans. J’ai obtenu mon bac et ensuite, pour atteindre mon but de devenir pro, il fallait faire des études dans la continuité de mon diplôme. J’ai rejoint le club du Mont-Blanc, qui était sans doute le plus à même de répondre à mon objectif. J’ai donc joué à Saint-Gervais et j’ai fait un BTS négociation relation clients puis j’ai enchaîné sur une licence commercialisation des produits et services sportifs« , raconte par le menu le n°91 des Boxers de Bordeaux.
Mathias Arnaud va ensuite enchaîner une première saison pro à Chamonix, mais saturé de montagnes, il choisit ensuite de répondre à l’appel de Dijon. « J’ai adoré la ville, le contexte. Je m’y suis trouvé en tant que joueur. C’est une équipe avec laquelle on a fini 2ème du championnat et gagné la Coupe de France à Bercy. Après ces 2 saisons en Bourgogne, je me suis dit que j’avais un peu fait le tour, et j’ai pensé qu’une expérience à l’étranger était possible« , souligne l’attaquant bordelais. Direction la Suède pour une saison avec le club de Borlange HF qui est contraint de le laisser repartir l’exercice terminé après la perte d’un gros sponsor. Et c’est Amiens, une place forte du hockey français, qui lui fait un clin d’œil. Ni une, ni deux, Mathias Arnaud revient dans l’hexagone. « Et j’ai fait le bon choix, dit-il, puisque c’est là que j’ai rencontré ma femme. L’année s’est très bien passée et pourtant je pense que j’y ai fait ma plus mauvaise saison sur le plan comptable mais j’étais bien, l’entraîneur Heikki Leime, aujourd’hui à Anglet, était très content de moi. Mais à la fin de l’année, le staff a décidé de changer de coach et son successeur, Barry Smith, a décidé de totalement modifier l’équipe. Il a viré 80% de l’effectif« .
Comme Mathias venait d’emménager avec son épouse, il a répondu à l’appel d’offre de Caen, pas trop loin d’Amiens où sa belle famille réside. Dans la capitale Normande, le couple s’est très bien adapté mais sur le plan sportif ce fut une année compliquée au point que les Caennais sont descendus en D1 au terme des playdowns. Malgré tout, Mathias Arnaud a accepté de rester dans le Calvados, avec un contrat identique à celui qu’il avait dans l’élite, c’est dire combien le club tenait à lui. Auteur d’un début de saison canon, il allait devenir le meilleur pointeur de la D1 mais à la mi-Décembre une approche sérieuse de Grenoble, avec l’accord du coach Normand, l’envoie dans les Alpes jusqu’à la fin de la saison. « Avec Grenoble, j’ai joué la finale de la Coupe de France perdue face à Rouen et le club m’a proposé de signer à nouveau. Cette fois, ma femme qui n’avait pas suivi pour une période qui n’était initialement que de 4 mois a décidé de me rejoindre. Entre temps, elle est tombée enceinte« , se souvient Mathias Arnaud.
Cette saison-là, Grenoble a fait une grosse saison, gagnant au passage face à Lyon lors du Winter Game, remportant la finale de la Coupe à Bercy contre Rouen mais chutant en ½ finale toujours face aux Dragons. Grenoble y a pris goût et signe Mathias Arnaud pour 2 nouvelles saisons. Au terme de la première, Rouen se dresse sur la route des Isérois qu’ils battent en finale de la Ligue Magnus. Un an plus tard les deux ogres du championnat se retrouvent en finale de la Ligue mais cette fois le trophée part du côté des Alpes. « J’étais évidemment très heureux de soulever le Trophée ultime pour la France« , reconnaît le joueur des Boxers qui en 3 saisons et demi en terre Grenobloise a su être reconnu comme un élément important dans l’équipe avec son style guerrier toujours prêt à se battre pour ses partenaires, y compris en lâchant les gants, mais qui peut aussi marquer ou délivrer une passe, tout en jouant un rôle d’animateur du vestiaire. Un type de joueur qui n’avait plus sa place à Grenoble à la fin de la saison, le club voulant rajeunir son effectif. « J’ai eu plusieurs propositions mais c’est celle des Boxers que j’ai choisie. Je connais bien Steph Tartari, son frère et la famille. Depuis plusieurs années Steph me parlait de venir à Bordeaux mais ça ne s’était jamais fait. Et on a trouvé un accord sur un contrat de 2 ans. Ma priorité était que ma famille se sente bien. Je n’avais pas envie de me retrouver dans une ville qu’on n’aime pas du tout, juste pour le hockey, parce qu’il y a un peu plus d’argent. Ma femme a tout de suite aimé Bordeaux. Elle était déjà amatrice de vin de Bordeaux. On habite en plein centre ville et on y est bien. On adore venir aux matchs, ma fille aussi, et pour elle l’école se passe bien. Le staff du club est top avec nous« , avoue Mathias Arnaud.
A Bordeaux comme il le faisait ailleurs, l’ancien Grenoblois s’adonne à d’autres activités que le hockey. Il s’intéresse à la musique, avec un morceau préférentiel ces derniers temps, « Gallipoli » du groupe de folk américain « Beirut ». Il a même tenté étant plus jeune de devenir musicien lui-même mais l’expérience a tourné court. « Mon père était musicien, il était guitariste, il a même joué avec Johnny Hallyday ! Et il a fait de la musique jusqu’à une trentaine d’années et son entrée chez Air France. J’ai essayé de jouer sur sa guitare et j’ai cassé ses cordes. Il m’a dit de faire plutôt du sport et d’arrêter la musique !« , se souvient-il. Enfant, il lisait également beaucoup. Aujourd’hui, ce sont des biographies qui ont sa préférence. « Les dernières que j’ai lues, c’était sur Jonny Wilkinson et Alex Ferguson. Et là je vais m’attaquer aux livres de Tony Parker et Thomas Pesquet. Je me suis aussi mis à lire « Moby Dick » mais c’est une histoire très compliquée. Le bouquin traîne sur la table de chevet mais peut-être qu’un jour j’aurais le courage de le terminer« , sourit-il. Peu à peu, le visuel a cependant pris le dessus, entre séries télévisées et cinéma. « La dernière série que j’ai aimé c’est « Sons of Anarchy », sur les bikers aux Etats-Unis. J’adore aussi « Peaky Blinders » que j’ai terminé en un claquement de doigt dans le bus lors des déplacements. Et j’ai regardé la dernière série « Stars Wars » qui n’est pas encore sortie en France. Son titre est « The Mandalorian ». J’adore la science-fiction. Je suis un gros fan de « Stars Wars ». Je vais sur les sites spécialisés, je me documente à fond« , dit-il, reconnaissant que depuis l’arrivée de la petite Adèle, 3 ans, c’est plus compliqué d’aller au cinéma.
« Sur les films et les séries, on ne partage les mêmes goûts avec ma femme que pour la comédie. Quand cela est possible, on va ainsi voir des comiques au théâtre. Le dernier qu’on a vu à Bordeaux, c’est Jérôme Commandeur« , précise Mathias Arnaud qui semble heureux comme un poisson dans l’eau dans la capitale régionale et dans son club. « J’ai toujours aimé l’ambiance qu’il y avait à Bordeaux quand je venais en tant qu’adversaire. A ce niveau, Bordeaux est une des patinoires au top ! Avec l’équipe je trouve qu’on est bien. On a eu un début d’année un peu compliqué. Mais on a réussi peu à peu à trouver notre équilibre. Marc-André Levesque est arrivé et a relancé une dynamique en défense. Belle recrue aussi avec Olivier Labelle qui a amené un peu de la grinta qui nous manquait. Ici, je joue beaucoup plus qu’à Grenoble. L’entraîneur nous fait confiance, il est très axé sur le dialogue. On est des compétiteurs. On ne sait jamais ce qui peut se passer en playoff. On n’est pas les plus talentueux mais on est des morts de faim. On peut très bien être éliminés au 1er tour comme on peut soulever la coupe !« , reconnaît sans détours le joueur bordelais.
Et puis la famille Arnaud a déjà fait souche et apprend à découvrir une région où il reconnaît qu’il s’y verrait bien rester. « On est allé à Arcachon, on a mangé des huîtres, on est allé sur la dune du Pilat. Le seul truc qu’on n’avait pas fait encore ce sont les vignes et les caves. Mais on est allé visiter Saint-Emilion pendant la trêve, et on est également allé au Cap-Ferret« , ajoute-t-il. Vraiment comme un poisson dans l’eau.
Claude Canellas