Marc-André Lévesque, le hasard fait bien les choses

Rescapé de l’effectif Lyonnais laissé sur le bord de la route, le défenseur québécois Marc-André Lévesque a saisi la proposition des Boxers avec soulagement. De Longueuil, où il est né, à Mériadeck, voici l’histoire d’un Québécois qui n’aurait peut-être pas dû devenir hockeyeur et qui peut-être un jour sera criminologue.

C’est une situation qu’aucun hockeyeur ne devrait connaître mais pour le Québécois Marc-André Lévesque comme d’autres joueurs Lyonnais, la longue procédure qui a conduit le club de la cité des Gones à ne pas être engagé en Synerglace Ligue Magnus, a laissé des traces. « Ça a été très compliqué. Chaque fois que je demandais des informations ou qu’il se passait quelque chose de nouveau, on me disait « ne t’inquiète pas, ça va le faire ». Mais après la confirmation de la rétrogradation par le CNOSF, on a compris que tout était terminé alors que le championnat recommençait 1 semaine après. Ce fut un choc. On avait des doutes mais on s’attendait vraiment à ce que ça passe« , reconnaît aujourd’hui le nouveau défenseur Bordelais qui revient sur son parcours en France.  « Il y a 2 ans, j’ai signé à Lyon pour ma première saison en Europe. L’an dernier j’étais à Angers. Ça ne s’est pas passé comme je l’aurais voulu. Alors, quand j’ai su que je ne retournerai pas à Angers, j’ai appelé Lyon parce que j’avais bien aimé. L’opportunité s’est présentée. Et j’ai signé à nouveau mais ça ne s’est pas passé comme prévu. J’ai donc demandé à mon agent de me trouver un endroit pour jouer. Et Bordeaux est apparu. J’ai communiqué avec eux et on est tombé d’accord. Je suis très content. C’est un gros soulagement« , avoue le défenseur canadien.

Le choix de Bordeaux n’est cependant pas un hasard ou en tout cas celui-ci fait bien les choses, car comme il le reconnaît aujourd’hui il a « toujours apprécié venir jouer à Mériadeck » quand il portait les couleurs de Lyon ou d’Angers. « C’est sûr que quand je me suis retrouvé sans club, c’est une offre que j’ai prise avec plaisir et qui a été rendue possible par la blessure du malheureux Mitch Ferguson« , avoue le joueur des Boxers de Bordeaux. C’est donc en terrain de connaissance qu’il s’est engagé, notamment concernant le public et la patinoire. « J’ai aimé jouer ici. Il y a toujours une belle ambiance, beaucoup de partisans. Tout le monde m’a super bien accueilli« , dit-il avec le sourire. S’il concède qu’il ne connaissait pas très bien la ville et la région, il avoue avoir été séduit. « J’adore, c’est vraiment beau, c’est une ville qui bouge. Je ne suis pas encore allé voir ailleurs autour de Bordeaux mais je vais le faire« , promet-il. Sur son parcours initiatique il devrait sans doute croiser des vignerons… « Je me suis intéressé au vin depuis que je suis en France. Maintenant que je suis à Bordeaux, je n’ai pas trop le choix, il faut que j’approfondisse tout ça« , admet-il.

C’est à Longueuil près de Montréal que ce solide gaillard d’1 mètre 88 pour 91 kilos a vu le jour. Aîné d’une fratrie de 2 garçons aimés d’une mère secrétaire dans une école et d’un père restaurateur qui, après avoir eu son propre établissement, travaille pour le siège social d’une franchise dont il supervise plusieurs restaurants. Ses premiers instants de vie, il s’en remet à la mémoire vivante de la famille pour les décrire. « Quand j’étais bébé, maman dit que j’étais insupportable !« , souligne-t-il sans prendre le risque de la contester. « Mais plus tard, j’ai été plutôt calme. Au moindre petit truc qui pouvait me mettre dans le pétrin, je paniquais. Ça m’incitait à me tenir tranquille« . Du côté des études, il a obtenu un bac en… criminologie ! A l’université, après avoir choisi par erreur l’éducation physique, il s’est vite aperçu que finalement la criminologie était la matière qui lui convenait le plus. « La criminologie, pour moi, c’est un plan B. Après le hockey, pourquoi ne pas travailler dans ce domaine. On verra. Mais pour devenir policier, je crois que c’est un peu trop tard.  Pour l’instant je suis à fond dans le hockey. Et peut-être que je me tournerai vers une fonction de coach ou de manager. Je ne sais pas encore. Mais je ne veux pas trop y penser. C’est trop tôt« , estime le n°17 des Boxers de Bordeaux.

Un avenir dans le hockey serait en tout cas en parfait accord avec la vie de Marc-André Lévesque depuis 28 ans. Car le sport roi au Québec est entré très tôt dans sa vie, comme une évidence, alors qu’à l’exception d’un cousin plus jeune que lui qui s’y adonne en amateur, personne dans son entourage ne lui a servi de modèle. « Je suis le premier de la famille à être devenu professionnel« , précise l’ancien Angevin qui ajoute que son grand-père qui aimait beaucoup ce sport lui a peut-être transmis le virus. « J’ai commencé très jeune. J’avais à peine 2 ans que j’avais une crosse dans les mains. Je jouais dans le sous-sol de la maison et j’y ai défoncé quelques murs. J’ai comme tous les jeunes de mon quartier joué l’hiver sur des patinoires extérieures et sur des rollers dans la rue après l’école. C’était hockey, hockey, hockey ! Et l’été je jouais au base-ball. Alors comment et pourquoi ai-je commencé ? Franchement, je ne m’en souviens pas », dit-il. Reste que Marc-André à l’âme sportive au point de regarder tous les sports sur le petit écran, et quand il retourne au Canada en été, il n’hésite pas à répondre à la moindre sollicitation pour participer à un match de football.

Après ses 4 années universitaires à Saint-Thomas dans le Nouveau-Brunswick où il a pu peaufiner son hockey, il a décidé de répondre positivement à la proposition des Aces d’Alaska évoluant en (ECHL), une franchise située à Anchorage et qui a disparu il y a 2 ans, et où il restera quasiment un an et demi avant de terminer chez les Utah Grizzlies, toujours en ECHL. C’est ensuite qu’il décida de franchir l’Atlantique et de faire ses premières armes européennes à Lyon. Même si l’histoire s’est mal terminée c’est avec le club Rhodanien qu’il a écrit ce qui reste pour lui la plus belle page de son carnet de bord de hockeyeur. « Je n’ai pas eu l’occasion de gagner beaucoup de choses dans ma vie, alors remporter la Coupe de France est pour moi un vrai beau souvenir« , glisse-t-il. C’était en 2018 et Lyon s’était imposé en finale face à Gap (2-0) après avoir éliminé… les Boxers de Bordeaux en demi-finale.

A Bordeaux, il vit seul, sa « copine » Laura est restée à Lyon où elle poursuit ses études. L’occasion pour lui de regarder quelques séries télévisées comme « Breaking bad », qu’il a particulièrement apprécié, et en général des séries policières, bien entendu, ou de se mettre à la lecture. « Je ne suis pas un gros lecteur. Ma mère lit beaucoup et elle m’a toujours poussé à le faire. Maintenant je m’y intéresse un peu plus. Je me dis qu’il faut lire donc j’essaye« , confie-t-il. « Je m’intéresse aussi un peu au cinéma. Ma copine est française et ça me pousse à regarder des films français. Récemment j’ai vu un film que j’ai adoré, « Les petits mouchoirs », qui a été tourné dans la région, et j’ai aussi vu la suite« , ajoute le défenseur bordelais qui aime également voyager.

Celui qui s’est rapidement adapté à la France, estime que pour l’instant il n’y a pas pour lui de raison de quitter un pays où il se sent bien. « Je ne vois pas pourquoi je partirai pour l’instant. Là je me consacre à Bordeaux, et l’avenir, on y pensera plus tard« , conclut-il.

Claude Canellas