Les 13 minutes de bonheur de Maxime Sauvé

Quand on est fils et neveu de joueurs de NHL, on ne peut rêver que d’en faire de même. Pour l’attaquant Bordelais Maxime Sauvé le rêve est devenu réalité l’espace de… 13 minutes. Mais les blessures ont eu raison de lui au point qu’il a raccroché les patins durant quasiment 2 ans avant de répondre à l’appel des Boxers !

« Le hockey c’est ma vie. J’ai été élevé là-dedans. Trois membres de ma famille ont joué en Ligue Nationale (NHL). Mon père Jean-François Sauvé (300 matchs), mon oncle Robert Sauvé (430 matchs) et mon cousin Philippe Sauvé (32 matchs en NHL au poste de gardien). Avec moi ça fait quatre« , témoigne le n°71 des Boxers. Maxime Sauvé a toujours voulu en faire de même. Franchissant tous les échelons, il a été repéré et recruté par les Bruins de Boston, franchise de NHL vainqueur de la Stanley Cup à six reprises. Après 2 saisons en AHL dans le club-école des Bruins (à Providence), on lui a donné sa chance en NHL lors de la saison 2011-2012.

Le grand jour arrivé, il est aligné par les coachs contre les Pingouins de Pittsburgh. Mais ce premier match de NHL sera aussi le dernier… « J’ai joué 13 minutes. Je me suis blessé et je n’y ai plus jamais rejoué. Mais je ne regrette rien. J’ai eu tout de même la chance de jouer dans la grande Ligue« , reconnaît-il. Cette blessure qui met fin au rêve d’une vie, est une des commotions cérébrales dont il va trop souvent être la victime au point d’être contraint d’arrêter le hockey en 2015. Revenu en AHL après son passage chez les Bruins, il avait choisi pour la première fois de quitter l’Amérique du Nord pour l’Europe, et rejoint en 2014 l’Allemagne et les Kölner Haie, club de Cologne évoluant en DEL. Pour une année seulement, car les Washington Capitals lui avaient fait un clin d’œil…

« Je me suis dit je vais essayer. Le rêve c’est le rêve ! Mais j’ai joué dans le club école et je me suis blessé. Les médecins m’ont conseillé d’arrêter le hockey et j’ai suivi leur décision. Et pendant deux ans je n’ai plus remis les patins. Pendant un an, j’ai été suivi par des médecins et je suis retourné à l’école pour prendre des cours en aéronautique et j’ai travaillé chez Bombardier (matériels de transports ferroviaires, aéronautique)« , raconte-t-il. Le rêve est brisé. Celui qu’il avait nourri depuis sa naissance… à Tours en France où son papa jouait. « Mon père a joué à Fribourg où ma sœur est née, puis il a joué deux ans à Tours. Et on est reparti au Québec où il a joué sa dernière année« , rapporte l’attaquant bordelais. Rentré au Québec où son père allait disputer une dernière saison, il n’a pas le souvenir de l’avoir vu jouer au hockey. « Je l’ai vu sur des vidéos. Mais il m’a coaché quand j’étais jeune, jusqu’à l’âge de 8-9 ans. Il a fait aussi des écoles de hockey puis il a arrêté de coacher. Mon père est resté dans le hockey. Il est commercial dans tout le Québec et en Ontario pour la marque d’équipements de hockey Sher-Wood« , raconte Maxime Sauvé qui a eu la chance d’avoir encore un demi-frère, ses parents s’étant ensuite séparés.

Dans cette famille de hockeyeurs le petit Maxime ne pouvait y échapper. Les murs de sa chambre d’enfant étaient couverts de posters de joueurs de hockey, ses rêves emplis de palets et de crosses. « J’ai mis les patins à partir de l’âge de 3 ans ! J’ai commencé à Boisbriand à 15 minutes de Laval et 30 minutes au nord de Montréal« , se souvient-il, comme sont encore gravées dans sa mémoire les matchs de hockey sur la patinoire publique extérieure non loin de chez lui. La passion était telle qu‘il reconnaît avoir souvent préféré se rendre à la patinoire en cachette l’après-midi plutôt que d’aller à l’école. « J’aimais trop ça. Je n’ai pas fini mon secondaire. Et pourtant ma famille me poussait à aller à l’école« , avoue-t-il.

Maxime Sauvé a un peu joué au soccer entre 6 et 8 ans, mais il a très vite convaincu sa famille qu’il pouvait réussir quelque chose dans le hockey. Alors l’année dernière, privé de hockey, sa colonne vertébrale, le Franco-Québécois dont les derniers tests médicaux étaient rassurants a décidé de remettre ça. Il a disputé 6 matchs avec le Marquis de Jonquière (LNAH) avant d’arrêter pour se consacrer à un travail de remise en forme. « L’été arrivé j’ai regardé s’il y avait des opportunités et Philippe Bozon m’a donné ma chance. Je ne me suis pas posé de question. Bordeaux est la première équipe qui a mis l’option mais je savais où j’allais. Je connaissais des joueurs de Bordeaux, notamment Félix Petit avec lequel j’ai joué au Québec« , raconte-t-il.

Quelques mois plus tard, la greffe a pris, Maxime Sauvé a montré l’étendue de son talent. « Je me suis bien adapté. Bordeaux est un très bon club. Une très bonne organisation, un très bon staff et de très bons joueurs. On ne peut pas demander mieux« , avoue Maxime Sauvé. Pour sa seconde expérience en Europe, Maxime Sauvé est venu avec la ferme intention de prolonger le plaisir. « J’aimerais rester longtemps en France, surtout ici à Bordeaux. Ma copine est restée à Montréal. Elle est déjà venue à Bordeaux, elle va revenir. L’année prochaine on verra si je reste et pour qu’elle vienne s’installer mais ça va être dur pour le travail. Elle est chiropracticienne. Et puis Bordeaux est une très belle ville, les gens sont très sympas. Je me sens bien ici« , assure le natif de la Touraine.

Avant cela il y a une saison à mener à son terme et pourquoi pas un trophée à aller chercher. « On a une équipe pour gagner la Ligue Magnus. C’est notre but« , reconnaît-il. Il sera alors temps pour lui de retourner au Québec, le temps d’un été seulement espère-t-il, pour retrouver la famille, jouer un peu au golf et surtout pratiquer la pêche. « J’aime la pêche à la ligne. Dans les lacs, dans une barque ou sur la rive. J’ai tout le temps pêché depuis tout jeune« , souligne-t-il. Une façon de se ressourcer pour repartir d’un bon patin…

C.C.