Le hockey, fil conducteur de la vie de Jonathan Lessard
Le petit « John » comme le nomment ses parents affectueusement a depuis son plus jeune âge rêvé de hockey. À 3 ans, il était déjà sur des patins et possédait son « bâton » pour disputer des matchs imaginaires dans la cuisine familiale ou les tribunes de la patinoire où son père évoluait. Et puis la bise venue, l’âge avançant, c’est en extérieur qu’il rejoignait les copains sur la glace. Né il y a plus de 27 ans à Saint-Eustache au Québec (au nord de Montréal) il raconte avoir « joué sur des patinoires en plein air. Le père d’Olivier Labelle, qui jouait ici l’année dernière, avait créé la sienne sur un grand terrain à côté de sa maison. C’était la patinoire du quartier où tout le monde allait. Ils avaient installé l’éclairage« , se souvient-il.
Jo jouait aussi au football, faisait du roller l’été et même du golf. C’est ainsi qu’il grandit en harmonie, son parcours scolaire est là pour en témoigner. « J’ai été un bon élève. J’ai fait le sport-études hockey à partir de l’âge de 15 ans et j’ai joué en juniors au Nouveau Brunswick tout en faisant des études de sciences humaines à distance avant de débuter ma carrière professionnelle à l’âge de 21 ans« , indique le n°97 des Boxers de Bordeaux, nourri aux matchs de NHL à la télévision, de préférence ceux des Canadiens de Montréal et des Blackhawks de Chicago dont son père est fan.
Pas d’exception pour un gamin qui pensait hockey du matin au soir, sa chambre était un véritable musée du sport roi québécois. À quelques exceptions près cependant. « J’étais aussi un grand fan des Tortues Ninja et des Power Rangers dont j’avais des posters. J’aimais bien les super-héros« , avoue-t-il.
Le hockey laissait un peu de place au cinéma proche de chez lui où il allait se faire une toile quand des films d’action ou humoristique étaient à l’affiche. Des films qu’aujourd’hui il regarde plus souvent à la télévision, tout en n’excluant pas de se rendre de temps en temps dans les salles obscures. Et puis il y avait aussi les jeux vidéo, la famille, les amis…. « Je suis fils unique mais je ne me suis jamais senti seul« , confie ce garçon très apprécié dans le vestiaire des Boxers.
Si son père pouvait jouer aussi bien défenseur qu’attaquant « comme François (Paquin) et Aina (Rambelo) ici« , la volonté de Jo Lessard l’a conduit très vite vers l’attaque. « J’adore marquer des buts. J’ai fait un match comme gardien et il n’a pas fallu longtemps pour savoir que je n’avais pas de talent pour évoluer à ce poste-là« , avoue-t-il contrainte.
Après ses 2 saisons de sports-études il terminait son année 2007-2008 avec les Voltigeurs de Drummondville avant 3 saisons avec le Titan d’Acadie-Bathhurst en LHJMQ (Ligue de Hockey Junior Majeur du Québec) où il va côtoyer un certain David Gilbert, bien connu en Gironde, avant une dernière année avec le Drakkar de Baie-Comeau (2011-2012).
Ses années juniors terminées il rejoignait la LNAH (Ligue Nord-Américaine de Hockey) qui ne sera pas pour lui un long fleuve tranquille puisqu’il allait porter successivement le chandail du Cool FM de Saint-Georges puis de Trois-Rivières avant de poursuivre la saison en ECHL (Ligue de Hockey de la Côte Est) avec les Bulls de San Diego puis les Grizzlies de l’Utah.
Si Jonathan n’est pas un goéland il est un grand migrateur. Le drôle d’oiseau reprenait la saison suivante en CHL (Ligue Centrale de Hockey) avec les Américains d’Allen avec une certaine réussite. Une année complète et 37 buts plus loin, il revenait en ECHL avec les Condors de Bakersfield, puis rejoignait un an plus tard les Admirals de Norfolk.
De toutes ces années nord-américaines il garde le souvenir de 2 camps auxquels il a participé en Ligue nationale, avec Tampa-Bay à 19 ans et Vancouver l’année suivante, mais les portes de la NHL resteront fermées. Qu’à cela ne tienne, il reconnaît que « ce sont 2 expériences qui ont marqué ma vie« . Il n’oublie pas non plus le titre de champion de CHL avec les Américains d’Allen, franchise Texane.
Le Québécois s’est forgé une réputation sur la glace, celle d’un joueur qui ne recule jamais. « Je suis quelqu’un d’assez calme mais quand je suis à bout, je suis à bout. La glace me permet d’évacuer tout ça. Je suis un joueur qui joue intense, avec de l’énergie, et quand je suis arrivé dans mes années juniors je me suis dit qu’il ne fallait pas qu’on me marche sur les pieds. Il a fallu parfois que je lâche les gants. Ça m’a forgé une réputation de joueur qui n’a pas trop peur de grand-chose sur la glace. Je n’aime pas trop chercher mais si on me cherche trop, je réponds« , avoue-t-il aujourd’hui.
À 25 ans, Jonathan Lessard pensait à aller respirer ailleurs, peut-être en Europe. L’opportunité allait se présenter sous la forme d’une offre des Ducs d’Angers. « Je me suis dit que ça pourrait être une belle aventure. J’ai bien aimé. Une belle expérience qu’on a terminé en 1/4 de finale des playoffs« , dit-il. Mais pour lui, la douceur Angevine lui a surtout permis de rencontrer sa fiancée, sœur d’un de ses partenaires, et originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon. Exit Angers l’année dernière. Faute d’une proposition satisfaisante en France, Jo prenait un billet retour pour l’Amérique du Nord et atterrissait à nouveau au Texas, dans son ancien club d’Allen. « J’ai fait un bon début de saison. Mais ensuite j’ai été mis un peu de côté, l’entraîneur voulait vraiment que je me batte pratiquement à tous les matchs. J’aime jouer intense mais me battre pour rien, non. J’en avais marre. Et j’ai eu une belle offre à Bordeaux et j’ai donc décidé de revenir en France« , raconte-t-il.
En Décembre dernier il posait donc ses valises à Mériadeck où il allait très rapidement prendre racine lors d’une saison qui allait se terminer en 1/2 finale face à Grenoble. « L’année dernière j’ai aimé travailler avec Philippe (Bozon). J’ai beaucoup aimé les playoffs contre Gap puis contre Grenoble. C’est dommage de ne pas avoir pu franchir l’obstacle. Je crois qu’on avait une équipe qui ne se serait pas laissé faire contre Rouen. J’aime ce club, j’y suis bienheureux« , dit-il aujourd’hui pour expliquer pourquoi il a décidé de poursuivre l’aventure girondine malgré une baisse des salaires exigée par la situation financière. « Je crois à cette équipe. On a un bon groupe, dans la chambre on s’entend bien. C’est vrai, on a eu une baisse financière mais on a un tellement bon groupe de joueurs que je crois qu’on a mis ça de côté rapidement. C’est vrai que les fins de mois sont plus difficiles mais au niveau hockey on est tous embarqués dans le projet. Et je crois qu’on a une équipe plus complète que l’année dernière« , avoue le natif de Saint-Eustache.
S’il est beaucoup trop tôt pour parler d’avenir, rester en France ne lui déplairait pas. Jonathan Lessard a peu à peu épousé la vie à la française et s’est adapté aux heures de repas, et à la cuisine tricolore alors que ses habitudes le portaient naturellement vers les mets québécois, les burgers américains et les sushis. « Ça m’a pris du temps à aimer la cuisine française. J’avais peur d’essayer de nouveau plats. Mais je me suis de plus en plus essayé. En France il y a vraiment de bons trucs à manger si on pense au fromage, au saucisson, aux pâtisseries…« .
La France, un pays qu’il a appris à aimer, Bordeaux une ville et sa région qu’il a commencé à découvrir et qui lui convient bien. « J’aime la région. Il y a les plages, le Bassin d’Arcachon. Je suis monté en haut de la dune du Pilat. C’est très beau. Et puis on n’est pas loin de l’Espagne« , dit-il.
Pour vivre Jo et sa fiancée ont choisi un appartement à Mérignac, dans un quartier calme, et à un quart d’heure en tramway de la patinoire Mériadeck… Tout pour mener une vie qui lui convient. Reste à construire une famille. « J’ai des projets d’enfants, oui. On verra. Je me sens prêt mais c’est moins facile à faire que de marquer un but« , conclut-il dans un éclat de rire.
C.C.