François Paquin raccroche les patins !

François Paquin raccroche les patins !

François Paquin, l’emblématique n°55 des Boxers de Bordeaux, a décidé, après 12 ans de bons et loyaux services en Gironde, de mettre fin à sa carrière de joueur professionnel à la fin de cette saison ! Natif de Danville au Québec, il fêtera ses 33 ans le 11 mars prochain. Fidèle d’entre les fidèles, il n’aura connu qu’un club professionnel. Rencontre avec un joueur qui restera un modèle pour beaucoup de jeunes avec lesquels il va désormais partager son expérience au sein des Boxers de Bordeaux Amateurs.

Tu as une annonce importante à faire. Tu as pris une grande décision…

François Paquin : « Oui. J’ai décidé d’arrêter ma carrière de joueur au terme de cette saison. C’est quelque chose qui me travaillait depuis quelques années déjà. J’ai perdu l’envie de bien me préparer, de faire tous les sacrifices que ça demande par rapport à ma famille car j’ai maintenant deux petites filles. Je prends toujours du plaisir sur la glace, j’ai toujours aimé avoir les patins aux pieds et jouer. Alors forcément que ça va me manquer mais à ce stade de ma carrière les côtés négatifs sont devenus plus importants que les côtés positifs. J’ai aussi une fenêtre de tir pour m’impliquer avec l’association et le hockey mineur. C’est quelque chose qui était prévu depuis très longtemps déjà. Cela reste encore à confirmer mais je vais maintenant rester dans l’entourage de l’équipe de Ligue Magnus. Je vais possiblement m’occuper de l’équipe U20 aussi et surtout essayer de voir comment fonctionne l’association en partant de l’école de hockey jusqu’à la division 3. Je vais essayer de m’impliquer sur l’ensemble de la section amateur et d’apprendre petit à petit… »

 

Tu as déjà un peu d’expérience…

« Oui, j’ai un peu d’expérience de coaching. J’en ai fait durant mes premières années à Bordeaux et jusqu’en 2015. J’ai une certaine base et c’est quelque chose qui m’intéresse. Je pense que c’était la bonne décision à prendre. J’avais surtout peur de dire « allez, j’en fait une de plus » et d’arriver vers novembre-décembre en se disant que finalement c’est la saison de trop ! Je pense que c’est important quand on est sportif de haut niveau de choisir soi-même le moment où on met un terme à tout ça et de ne pas être forcé à arrêter. C’est donc une décision qui vient de moi. Mon entourage a essayé de me convaincre d’en faire une de plus. Je pense à ma conjointe, à mes parents. Mais c’est normal, ils voulaient être certains que je prenais la bonne décision, que je n’aurais pas de regrets. Comme je leur ai dit, à un certain point, ça va forcément me manquer, je vais m’ennuyer, mais je suis convaincu que c’est la bonne décision. »

 

Rembobinons le film de ta carrière. Comment es-tu arrivé à Bordeaux ?

« Je suis arrivé à Bordeaux en août 2010 pour tester l’expérience française, l’expérience européenne, et surtout pour ne pas avoir de regret, 10 ans plus tard, de ne pas l’avoir tentée. J’ai donc décidé de venir en me disant que j’avais un contrat de 8 mois et qu’après je rentrerais au Québec. Et au final, cela fait 12 ans que je suis dans ce club. Je pense sincèrement que Bordeaux est ma ville d’adoption. Je m’y suis senti comme chez moi depuis le premier jour. Dès le début je me suis dit que je ne voyais pas vivre ailleurs en France qu’à Bordeaux. J’ai développé des relations incroyables au fil des années. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin du hockey pour avoir une vie à l’extérieur. J’ai mis le pied dans le piège, j’y suis toujours à ce jour et je vais y rester comme cela a toujours été dans mes intentions. »

 

Tu es un témoin privilégié de la montée en puissance de ce club…

« Je suis passé par toutes les phases. Quand je suis arrivé l’équipe était en milieu de tableau en Division 1. Nous avons eu une saison compliquée sur la ligne de relégation mais on s’est sauvé. Puis il y a eu une équipe beaucoup plus compétitive dans les années suivantes. Nous avons joué la montée en Ligue Magnus une première fois contre Lyon et l’année suivante contre Anglet en finale. La première année de Ligue Magnus, nous avons disputé la poule de relégation et après, avec une équipe plus solide et nous avons accroché les demi-finales deux fois. Nous avons aussi joué 3 demi-finales de Coupe de France dont celle de cette année, et une demi-finale de Coupe de la Ligue. »

Durant toutes ces années au club tu as entretenu des relations particulières avec les supporters. Au moment de quitter la scène, y penses-tu ?

« Evidemment. En 12 années, j’ai recroisé chaque année ces fidèles du club. Forcément, nous avons développé des relations. Cela fait plaisir de voir que les gens sont contents de te voir, que tu es apprécié. Ça fait chaud au cœur. »

 

As-tu un message à leur adresser ?

« Tout ce que j’ai à dire c’est un énorme merci à tous les gens que j’ai pu côtoyer, qui sont venus nous encourager à Mériadeck. Votre support a fait que c’était une décision logique pour moi de poser mes valises à Bordeaux. Je ne pense pas qu’on puisse avoir un meilleur public en France. Franchement, merci à tout le monde et j’espère que nous nous croiserons d’une façon ou d’une autre. Je garde des souvenirs impérissables de toutes ces années. Merci énormément à vous tous ! »

 

Quels sont les bons souvenirs que tu gardes de ces douze années sous le maillot des Boxers de Bordeaux ?

« Il y en a beaucoup. Il y a bien évidemment ma première saison au niveau professionnel. J’avais 21 ans, je n’avais jamais quitté le nid familial. Ce fut à la fois une période d’adaptation très intense et une expérience vraiment incroyable ! Il y a bien sûr le titre de champion de France de Division 1 contre nos amis Angloys, un moment incroyable. Il y a des matchs qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Un match en Division 1 où nous avions fait une remontée incroyable au 3ème tiers et nous avions gagné en prolongation. Il y avait une ambiance de folie dans la patinoire ! Il y a aussi un match de Coupe de France avec la présence des Ultras des Girondins présents dans les tribunes. Des moments intenses il y en a eu beaucoup car nous avons la chance de pouvoir compter sur un public toujours présent. Franchement, jouer à Mériadeck quand le public est déchaîné, ça restera dans ma mémoire. »

 

Et les mauvais souvenirs ?

« Il n’y a pas eu que des années roses. Ma deuxième année fut dure. Nous étions derniers de Division 1 et finalement nous nous sommes sauvés de la relégation lors d’un match à Toulouse à 2 ou 3 journées de la fin. Forcément, c’était des matchs intéressants au niveau du public, mais nous avons aussi perdu 3 fois en demi-finale de la Coupe de France dont une fois à Rouen en prolongation. Ça s’est joué à 1 but près pour aller à Bercy ! Nous avons perdu 2 fois consécutivement en demi-finale de la Ligue Magnus dont en 7 matchs contre Grenoble ! C’est très frustrant. Et puis il y a cette saison. Nous avons eu une malchance incroyable toute l’année. Je crois que peu de joueurs ont pu voir au cours de leur carrière une équipe décimée par les blessures à ce point-là. Nous sommes parvenus à nous qualifier pour les playoffs, c’est très bien, c’est même un exploit pour moi. Mais cela laisse un goût amer parce que nous étions confiants dans notre groupe en début d’année. Je pense qu’il y avait la place pour faire une saison supérieure à celle-ci. »

 

Finalement c’est positif, non ?

« Oui, je pense qu’on peut la considérer comme une saison positive. Personne ne nous voyait en playoffs et nous l’avons fait. Nous avons battu Grenoble à Mériadeck avec une équipe complètement décimée. Nous avons sorti de gros matchs, nous avons gagné des matchs très importants quand il le fallait. Je crois qu’à la fin des playoffs, quel que soit le résultat, chaque joueur dans le vestiaire et le staff pourra avoir la tête haute, parce que nous nous sommes battus comme des chiens toute l’année et je tire mon chapeau à tout le monde. »

 

Tu as croisé en 12 ans beaucoup de joueurs. Lesquels t’ont marqué ?

« Il y en a beaucoup, et pour différentes raisons. J’ai développé des amitiés incroyables. Je pense à Vincent Cadren avec qui j’ai joué 7-8 ans. Nous restons toujours en contact. C’est la même chose avec Vincent Paradis, et également avec Sébastian Ylonën contre qui nous avons joué vendredi soir. Et dans l’équipe actuelle, nous sommes un petit groupe de joueurs qui sont là depuis plusieurs années. Julien Guillaume, Maxime Moisand, Aina Rambelo, Fouky, Alexandre Mulle… Ce sont des joueurs que je peux considérer comme des frères. »

Et sur le plan sportif ?

« Pour moi, le meilleur joueur qui a joué à Bordeaux c’est Maxime Sauvé ! S’il avait été un minimum en santé plus jeune dans sa carrière, il aurait joué en NHL. Il était au-dessus de tout le monde. Il était excellent dans tous les compartiments du jeu. »

 

Et les entraîneurs ?

« J’ai eu Stéphan Tartari qu’on ne présente plus. Ensuite nous avons eu le Russe Dimitri Fokine. Je n’avais pas de problème avec lui mais ce qu’il voulait mettre en place, ses valeurs, sa rigueur, ce n’était pas en adéquation avec le projet bordelais de l’époque. Il était très exigeant et ça ne pouvait pas marcher avec les joueurs français qui bossaient la journée et venaient s’entraîner le soir. Et puis il y a eu Martin Lacroix avec qui nous sommes toujours en contact. C’est un entraîneur que j’adorais, quelqu’un d’exceptionnel. Et il y a eu Philippe Bozon. Je ne dirai pas que ça a mal commencé avec moi, mais je pense qu’à la base, il ne me voyait pas dans son effectif. Mais j’étais là. Et au final, j’ai eu une très bonne relation avec lui et au fil des années il m’a même donné des responsabilités. Et là, avec « Dim » (Olivier Dimet), ça ne peut que bien se passer. C’est un entraîneur que tout le monde aime. Le groupe a envie de travailler pour lui. Franchement, j’ai eu de la chance au niveau des entraîneurs au cours de ces 12 années. »

Tu as été assistant-capitaine et capitaine. Cela a-t-il compté pour toi ?

« La première année où j’ai été assistant-capitaine, j’étais encore relativement jeune. Après je suis devenu capitaine l’année de la montée en Ligue Magnus et la première saison en Ligue Magnus. Et après Philippe Bozon est arrivé. Il avait ses joueurs ciblés pour le capitanat et les assistants. Je n’ai pas eu de problème avec ça. Je l’ai toujours dit, je n’ai pas besoin d’un C ou d’un A sur mon maillot pour parler plus. Si j’ai quelque chose à dire, je le dis. »

 

Il reste 2 matchs à jouer avant la fin de la saison régulière et les matchs des playoffs. Ce seront les derniers de ta carrière. Comment vas-tu les aborder ?

« Concernant les deux matchs de championnat restants, la 7ème place est toujours accessible. Il faut gagner deux fois ! Certes, c’est Rouen et Angers, mais quand on est sportif, on joue les matchs pour les gagner ! J’ai envie de gagner, de terminer sur une victoire. Et en playoffs, qu’on joue Grenoble parce que nous terminons 8èmes, ou que ce soit Rouen ou Angers parce que nous sommes 7èmes, je vais les aborder de la même façon que si j’avais signé pour une autre saison. »

Recueilli par Claude Canellas


François Paquin

Nationalité canadienne

Né à Sherbrooke le 11 mars 1989

Son parcours de joueur :

2005-2006- Estacades de Trois-Rivières (QQMAA) (7 matchs)

2006-2007- Titans du Collège Laflèche (QJAAAHL) (4 matchs)

2007-2008- Inouk du Cegep de Granby (QJAAAHL) (56 matchs)

2008-2010- Titans de Princeville (QJAAAHL) (122 matchs)

Août 2010- Arrivée à Bordeaux

QQMAA = catégorie élite pour les 15-16 ans au Québec

QJAAAHL = 2ème niveau dans la catégorie junior au Québec