François Paquin, le hockey, rien que le hockey !
Le 20 janvier 2023 restera sans doute gravé dans la mémoire de François Paquin. Son maillot frappé du n°55 qu’il a porté durant ses 12 années professionnelles exclusivement à Bordeaux sera retiré et viendra rejoindre au Panthéon des Boxers de Bordeaux, le maillot n°4 du manager général du club, Stéphan Tartari. François, qui a mis fin à sa carrière à la fin de la saison dernière, a toujours eu le hockey pour horizon. Depuis l’âge de 3 ans, sans avoir programmé une carrière à l’avance, il a fait son bonhomme de chemin dans son Québec natal avant de venir s’implanter en terre girondine…
Quand vous demandez à François Paquin où il est né le 11 mars 1989, il vous répond immanquablement que c’est à Sherbrooke mais s’empresse de préciser qu’il n’y a jamais habité.
C’est en effet à Danville, à une soixantaine de kilomètres, un village de près de 4.000 habitants, que sa famille habite et où il a passé toute son enfance. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de maternité à Danville qui est situé en Estrie, à 160 kilomètres à l’Est de Montréal.
« Je suis né dans un milieu tout ce qu’il y a de plus normal. Ma mère a travaillé en pharmacie pendant de nombreuses années et mon père était soudeur. Il a fait toute sa carrière dans la même entreprise », précise François qui a grandi avec une sœur aînée plus âgée de 4 et demi, et qui est maintenant installée à Miami en Floride. « Elle travaille pour une grande compagnie de croisières, la Carnival Cruise Line. Elle a été longtemps sur les bateaux, mais maintenant elle travaille dans les bureaux », raconte le Québecois.
Il n’y a aucune raison particulière pour que le hockey soit entré dans sa vie si ce n’est qu’au Québec, il est difficile d’y échapper…
« Comme tous les joueurs Québécois, j’ai appris à patiner dès mon plus jeune âge, vers 3 ans. J’ai d’abord joué au hockey dehors, avec mon père. Dans la rue, sur les patinoires extérieures, et même dans une patinoire que mon père m’avait faite dans le jardin. C’est comme ça que j’ai fait mes premiers pas mais j’ai intégré une équipe de hockey plus tard que les autres enfants, vers l’âge de 7 ans ! », précise le Danvillois.
François a joué au hockey en parallèle avec l’école. « J’ai suivi le cursus traditionnel jusqu’à l’âge de 17 ans. J’étais relativement sage, j’étais plutôt un bon élève mais je n’étais pas très assidu pour les devoirs ! J’ai toujours fait le minimum. Ma matière préférée était l’éducation physique, le sport, évidemment ! Maintenant, ce n’est pas une passion mais j’ai beaucoup plus de facilités avec les mathématiques alors que, quand j’avais 14-15 ans, c’était l’enfer. J’étais très faible dans cette matière. J’ai toujours aimé l’anglais. En français, en géographie…etc, j’ai toujours fait le strict minimum pour m’en sortir au niveau des notes », résume-t-il.
Habituellement, au Québec on débute en club en MAGH 1 mais François n’a intégré son club des Cascades des Bois-Francs que 2 ans plus tard, en MAGH 3.
« Je suis resté dans ce club jusqu’à 16-17 ans, puis j’ai rejoint les Estacades de Trois-Rivières en Midgets AAA, mais ça n’a pas duré longtemps. L’entraîneur n’était pas satisfait. Il voulait un défenseur plus robuste, plus costaud. J’ai fait 7 matchs et il m’a retranché de l’équipe », se souvient-il. Comme le club se trouvant à 1h30 de la maison familiale, François habitait chez une famille d’accueil et allait dans une école sur place. « J’ai dû prévenir mes accueillants qu’il fallait que je vide mon vestiaire. J’ai appelé mes parents pour leur dire que je rentrais à la maison et pour leur demander de m’inscrire de nouveau dans école où j’allais avant de partir », indique-t-il.
Cette décision du coach venait tout bouleverser.
« C’était un sacré coup dur pour moi ! Je quittais la catégorie charnière. Quand on y joue toute une saison, on peut rejoindre les juniors-majeurs, et ensuite ça ouvre des portes. J’ai poursuivi à Kingsley Fall en Midgets AA, un niveau inférieur. Ça n’a rien à voir. Tous les joueurs que j’y ai connu, il y a longtemps qu’ils ne jouent plus au hockey », admet François qui, pour sa part, va connaître un tout autre destin que ses petits camarades. Mais il ne se doutait encore de rien.
« Je ne pensais pas faire du hockey mon métier. Ce qui m’intéressait c’était de jouer au plus haut niveau possible. Je me suis accroché et après les Midgets, je suis passé en Juniors AAA avec les Titans du Collège Laflèche pour quelques matchs puis les Inouk du Cegep de Granby où j’ai joué 56 matchs ! », se souvient François Paquin, alors à nouveau en famille d’accueil, et dans un nouvel établissement scolaire. Puis, il est échangé aux Titans de Princeville, « l’équipe Juniors AAA de ma région où ça s’est très bien se passé ». Il va jouer deux ans. C’est là qu’il va vraiment s’installer au poste de défenseur après avoir débuté le hockey en tant qu’attaquant. Il avait 11 ans quand son entraîneur lui avait demandé de passer derrière, mais à Granby il alternait entre les deux positions selon les besoins du moment.
C’est là, à Princeville, que son destin va se nouer.
« Lors de ma dernière année junior, rien n’était prévu. J’avais arrêté l’école, je voulais me concentrer sur le hockey », dit-il en regardant dans le rétro. Et c’est l’entraîneur d’une équipe adverse qui allait faire basculer l’histoire de François Paquin. Ce coach, Sylvain Beauchamp, avait eu une très belle carrière en France (Angers, Briançon, Amiens). Il était agent de joueurs qu’il plaçait en France. « Il m’a approché. Il m’a dit qu’il y avait des clubs en France qui pouvaient être intéressés par mon profil de défenseur. Avant d’en discuter avec lui, je n’avais jamais envisagé de partir. Ce n’était pas du tout dans mes projets. J’en ai discuté, et j’ai longtemps hésité. Finalement j’ai pensé que je ne voudrais pas regretter ultérieurement de ne pas l’avoir fait. Alors je me suis dit que je ferai une saison et après que je rentrerai au Québec. Ça me faisait un peu peur mais il y avait la facilité de la langue et je connaissais le niveau du hockey français par des joueurs qui y avait joué. Mes hésitations tenaient à un problème de confiance en moi », souligne celui qui ne savait pas encore qu’il serait le dernier n°55 des Boxers de Bordeaux.
« Je suis arrivé à Bordeaux en août 2010. J’ai été très bien accueilli. Il y avait déjà une belle culture québécoise au sein de l’équipe. Je n’ai pas vraiment souffert du dépaysement. J’ai fait ma première saison en 2010-2011. Sur ma lancée, j’ai voulu continuer pour une deuxième année, toujours persuadé que j’allais retourner au Québec. Mais j’ai commencé une troisième saison, et finalement j’ai joué toute ma carrière professionnelle à Bordeaux, soit pendant 12 ans ! »
Aujourd’hui entraîneur notamment des U20, des U17 et des U13, il poursuit sa vie dans le hockey, rien que le hockey, et ce n’est pas près de s’arrêter.
Car si François Paquin a pratiqué d’autres sports comme le football et le base-ball, en compétition, il n’a jamais fait autre chose que du hockey !
Il avoue d’ailleurs qu’avec la famille, le sport est sa seule passion. « Je n’ai pas un côté artistique très développé et je ne lis pas énormément. Je regarde un peu les séries à la télévision. Ma préférée a été « Prison Break ». J’aime bien la musique. Tous les genres. J’aime visiter, découvrir de nouveaux endroits, aller à la plage, et me promener à Bordeaux qui est une ville magnifique », reconnaît celui qui a fait souche dans la capitale de la Nouvelle-Aquitaine.
Claude Canellas