François Paquin : « C’est beaucoup de fierté pour moi ! »
Vous le savez, ce vendredi soir, en ouverture du derby contre Anglet, aura lieu la cérémonie de retrait du maillot n°55 de François Paquin. Un hommage particulier rendu à ce joueur qui, venu de son Québec natal, aura passé les 12 ans de sa carrière professionnelle avec les Boxers avant de raccrocher les patins à la fin de la saison dernière ! Aujourd’hui coach des U20, U17 et U13, François qui s’investit aussi pour développer l’école de hockey, nous livre ses impressions sur cet évènement et fait pour nous un retour arrière sur ses années bordelaises…
Quel sentiment as-tu au moment du retrait de ton maillot ?
François Paquin : « C’est beaucoup de fierté pour moi ! Quand on est joueur de hockey, le plus bel accomplissement c’est de gagner le championnat, et ce qui vient en deuxième position, c’est d’avoir son maillot retiré par une équipe. Ça démontre que soit tu as été apprécié en tant que personne, que tu as marqué l’histoire du club, soit pour des raisons comptables parce que tu as éclaté toutes les statistiques. Évidemment, ce n’est pas mon cas mais j’ai laissé ma trace d’une autre façon. J’ai hâte de voir le 55 dans les hauteurs de Mériadeck. Ça va faire chaud au cœur ! »
D’où vient ce choix du numéro 55 qui sera désormais suspendu au-dessus de la glace de Mériadeck ?
« En fait, depuis que je joue au hockey, je ne vais pas dire depuis l’âge de 5 ou 6 ans mais presque, j’ai eu des numéros doubles. Le 11, le 77, le 44, le 55. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé ce type de numéro. En plus, le 55 correspondait à celui d’un défenseur russe, Sergei Gonchar, que j’ai toujours admiré quand il jouait en NHL. J’ai commencé à porter le 55 quand j’avais 19 ans, donc je l’ai gardé pendant 15 ans ! »
Comment es-tu arrivé à Bordeaux et pour quelle raison as-tu fait toute ta carrière ici ?
« C’est un agent de joueurs qui m’en avait parlé. Je n’avais pas prévu de quitter le Québec mais j’ai tenté l’aventure, et j’ai joué 12 ans. Mes deux premières saisons à Bordeaux ont été très bonnes pour moi. Nous étions alors dans la première moitié du classement de la Division 1. J’avais eu plusieurs propositions de presque toutes les équipes de D1, et aussi quelques propositions en Ligue Magnus. Mais ce n’étaient pas des offres super alléchantes, considérant déjà qu’au moment de me lancer dans une troisième année, la volonté affichée à court et moyen termes par le club, était d’avoir une équipe championne et de monter en Magnus. Face à ces ambitions et après avoir joué deux années que j’avais adorées, j’ai choisi de rester parce que je voulais que Bordeaux ait une équipe en Magnus et que je voulais faire partie du projet. C’est avec Bordeaux que je voulais jouer en Magnus, l’équipe qui m’a donné ma première chance en France. Je n’ai pas vraiment hésité. J’étais bien à Bordeaux et donc à partir de 2013-2014, il était acquis que j’allais rester à Bordeaux plus longtemps que prévu. »
Tu as joué 12 ans avec les Boxers, soit la totalité de ta carrière pro. Comment as-tu fait pour t’adapter aussi facilement au point de rester et de te fixer à Bordeaux ?
« J’ai la chance d’être tombé sur Bordeaux ! C’est une ville magnifique, un endroit où beaucoup de joueurs voudraient venir même en fin de carrière. C’est un endroit qui est vraiment alléchant au niveau de la qualité de vie, au niveau du climat. C’est aussi une très grosse ville. L’adaptation s’est faite d’elle-même, naturellement, puisque déjà nous étions super bien entourés dans le club avec un staff qui avait une bonne culture québécoise. »
À partir de quand t’es-tu dit que tu ne repartirais plus de ce club ?
« À partir du moment où j’ai décidé de continuer, je ne me suis fixé aucune limite de temps, aucune échéance, mais je me suis dit que tant que je jouerai au hockey, j’aurais envie que ce soit à Bordeaux et pas ailleurs ! Et maintenant, j’ai la famille, ma femme, deux petites filles dont une que nous avons eue ensemble, et j’ai un beau-fils. Et tant que ma première fille que j’ai eue avec mon ex-conjointe n’a pas atteint sa majorité et n’est pas indépendante, je ne me vois pas partir. Mais un retour au Québec à moyen ou long terme n’est pas impossible. »
Au cours de cette longue carrière à Bordeaux tu as évolué avec de nombreux joueurs. Certains t’ont-ils marqué ?
« Il y en a beaucoup qui comptent énormément pour moi ! J’ai joué avec certains d’entre eux plusieurs saisons et je les considère comme faisant partie de la famille aujourd’hui. Il y en a beaucoup, et je vais en oublier ! Ça remonte un petit peu, mais il y a des gens comme Vincent Cadren, Thomas Paradis… Et plus récemment, j’ai développé de grandes affinités avec des joueurs qui sont là depuis longtemps, Julien Guillaume, Max Moisand, Alexandre Mulle, Aina Rambelo, Clément Fouquerel et d’autres. Je vais garder contact avec eux éternellement. »
Et côté dirigeants, staff… ?
« Stéph Tartari qui a été mon premier coach en France. C’est lui qui m’a donné ma première chance. Il y a eu aussi Martin Lacroix avec qui j’ai toujours des contacts et avec qui j’ai d’excellentes relations. Il y a eu aussi la période Philippe Bozon avec qui au début ça s’est passé plutôt mal. Je n’étais pas vraiment dans ses plans et au final je l’ai eu pendant 3 ans et ça s’est très bien passé. Il a été juste avec moi. Et évidemment, il y a Olivier Dimet avec qui j’ai terminé ma carrière. C’est un entraîneur que je respecte beaucoup, qui est tellement humain, qui est à l’écoute de ses joueurs. C’est bien parce que maintenant que je suis entraîneur, je peux prendre un petit peu de tous ceux que j’ai côtoyé au fil des années. Parmi les dirigeants, je vais citer le président actuel, Thierry Parienty, qui est celui qui est resté le plus longtemps en poste quand je jouais puisqu’il est là depuis 2015. Ce sont des gens qui sont très importants pour moi. »
Quels sont les souvenirs qui t’ont le plus marqué positivement et négativement ?
« En n°1, évidemment, la montée en Ligue Magnus qui était annoncée, attendue. Un autre moment marquant, c’est lors de la deuxième année, la saison 2011-2012. À quelques journées de la fin du championnat, nous étions relégables en Division 2. Et nous enchaînons les victoires en fin de saison. C’est de la folie. Nous nous sauvons en fin de match à Toulouse où nous avions 250 supporters venus de Bordeaux. Sur le plan des regrets, il y a les deux saisons où nous avons perdu en demi-finale de la Coupe de France, en prolongation les deux fois. Nous étions à presque rien d’être à Bercy ! »
Le retrait de ton maillot est donc programmé un soir de match des Boxers contre Anglet. Ces derbys ont-ils toujours eux un goût particulier pour toi ?
« Bien sûr ! Des derbys, j’en ai connu pas mal pendant 12 ans. Bien sûr, il y a eu un moment où eux étaient Division 1 et nous en Magnus, mais on les jouait quand même en matchs amicaux, et presque chaque année en Coupe de France. Si on compte on doit arriver à 80 matchs au minimum durant ces 12 ans ! Évidemment, les équipes ont beaucoup changé, mais ça reste des derbys, avec une atmosphère particulière. Dans les premières années, c’était pire parce qu’il y avait énormément de joueurs de Bordeaux qui avaient joué à Anglet. Et c’est l’époque où il y avait 3 étrangers par équipe, le reste étaient des Français ! Je parle pour moi, mais j’ai l’impression qu’à partir du moment où « Dim » (Olivier Dimet) est parti d’Anglet, ça n’avait pas la même saveur. Les derbys, c’était pour moi avec « Dim » comme coach en face. Mais ça a toujours été des matchs à haute intensité. »
Tu as été capitaine durant deux saisons. Comment l’as-tu vécu ?
« C’était une belle marque de confiance. Je l’ai eu durant deux saisons, deux saisons très importantes, celle de la montée et la première en Ligue Magnus ! Mais ça n’a pas vraiment changé ma façon de faire, de jouer. Je suis resté exactement la même personne. Quand j’avais quelque chose à dire, je le disais. Je ne suis pas celui qui parle le plus, mais quand il fallait le faire, je n’hésitais pas. »
Durant toute ta carrière, tu as créé un véritable lien avec le public de Mériadeck. Comment l’expliques-tu ?
« J’avoue que c’est particulier. Ça fait plaisir de voir des enfants en tribune qui portent ton maillot. Ils devraient avoir le maillot de Crosby, pas forcément celui d’un joueur qui joue dans le troisième ou le quatrième bloc. Le contact s’est fait naturellement parce que je pense que je suis quelqu’un de respectueux, que j’ai toujours salué les partisans après les matchs. Peut-être qu’ils appréciaient aussi ma façon de jouer, le fait que je suis quelqu’un qui a mouillé le maillot pendant 12 ans. »
Maintenant que c’est terminé, tu t’es reconverti dans une carrière de coach au sein du club amateur…
« Oui, j’entraîne les U20, les U17 et les U13 avec lesquels on va s’envoler au mois de février au tournoi Pee-wee au Québec. Je travaille aussi avec l’école de hockey, les débutants, je donne également un coup de main à Guy Dupuis pour la D3. Et avec le départ de Marc-Antoine Beaulieu, je commence à me pencher sur tout ce qui est administratif, organisationnel. C’est une belle charge de travail à temps plein. »
Est-ce que c’est ta voie et que tu comptes encore la développer ?
« Il y a plusieurs axes d’amélioration au niveau de la structure amateur. On va essayer de développer l’école de hockey, d’étoffer l’effectif. C’est objectif et c’est justement mon projet de formation en vue d’obtenir un diplôme d’État, le DEJEPS. »
Ta famille sera-t-elle présente lors de la cérémonie ?
« Mes parents et ma sœur font le voyage. J’ai aussi une cousine qui vient avec son conjoint. J’ai aussi beaucoup d’amis qui seront présents sur place. Ça va être une belle soirée pour moi. »
Recueilli par Claude Canellas