Bilan et perspectives d’Olivier Dimet et Stéphan Tartari
Olivier Dimet et Stéphan Tartari tirent les enseignements de la saison qui vient de s’achever et se projettent sur la suivante. Interview…
Vous terminez la saison régulière à la 6ème place, et vous êtes battus en quarts de finale par Angers 4 victoires à 0. Au final, quel bilan tirer de cette saison ?
Stéphan Tartari (manager général) : « Nous sommes dans l’ensemble satisfaits de la saison régulière. Bien sûr, il y a des déceptions. Nous avons perdu des points que nous n’aurions pas dû perdre. Toutes les équipes en perdent au cours d’une saison, mais nous, nous en avons perdu un tout petit peu plus que les équipes qui ont terminé juste devant nous. L’année dernière, nous étions huitièmes, ce qui était un petit miracle, il faut le reconnaître. Cette année, nous voulions faire mieux, et nous étions partis pour y parvenir. Puis ça s’est compliqué avec la blessure de Clément Fouquerel. Nous nous sommes retrouvés à égalité avec d’autres équipes entre les septièmes et neuvièmes places, et c’est devenu chaud pour la qualification en playoffs. Puis, peu à peu, nous sommes parvenus à nous détacher, et les quatrième et cinquième places sont devenues plus accessibles. Nous espérions accrocher une cinquième place pour éviter une des équipes du Top 3 qui ont plus de moyens, plus de joueurs, plus de profondeur, plus de masse salariale. Et malheureusement en quarts de finale, nous ne méritions pas un 4-0, même si Angers était plus fort. Mais nous ne nous sommes pas présentés au complet. Nous avions des absents importants, et en plus nous avons perdu Axel Prissaint, juste avant les playoffs et Max Legault a joué avec une côte cassée, et ce n’est pas donné à tout le monde. Le match 2 à Bordeaux que nous méritions de gagner n’a finalement pas tourné en notre faveur (1-2 en prolongation). Si nous étions allés ensuite à Angers à 1-1, ce n’était pas la même chose. Oui, c’est frustrant, ce 4-0, mais nous nous sommes battus avec nos armes, et les gars ont tout donné. »
Olivier Dimet (entraîneur) : « Même si le résultat en playoffs est le même que l’année passée, je pense qu’il y a eu du positif, comme l’a dit Stéphan. Nous avions la volonté d’améliorer l’équipe. En termes de classement sur la saison régulière, nous faisons mieux que l’année dernière. Alors, oui, il y a des regrets puisqu’à une victoire près, nous étions cinquièmes. Mais les regrets que nous pouvons avoir ne portent pas sur les derniers matchs mais sur ceux que nous avons perdus à l’automne, et qui coûtent cher à la fin. D’autant plus que ce sont des matchs que nous avions en main, que nous n’avons pas su tuer. Ensuite, nous avons manqué de régularité durant toute la saison. La frustration se situe là. Le positif, c’est que nous avons vu une belle saison offensive. Nous avons terminé quatrième équipe à domicile, quatrième attaque du championnat ainsi que quatrième powerplay de la Ligue, même si sur la fin de la saison il a été moins performant. Mais il ne faut pas perdre de vue que nous avons perdu Kevin Spinozzi au début du mois de janvier, un de nos joueurs-clé du powerplay. Le point négatif c’est que, par rapport aux années précédentes où nous avions une défense solide, cette année nous avons constaté qu’elle a été moins efficace. Il va falloir rééquilibrer la balance entre l’offensive et la défensive pour avoir plus de régularité dans nos performances. »
Le fait d’avoir une équipe plus offensive ne pourrait-il pas être une des causes de cette moindre efficacité défensive ?
O.D. : « En toute franchise, au début de saison, ce n’était pas le cas, mais la blessure de Clément Fouquerel le 20 octobre a fait mal car tout notre fonctionnement a été désorganisé. La blessure de Kevin Spinozzi et le non-retour de Hunter Warner, soit notre paire n°1, ont fragilisé notre équilibre. Les blessures font partie d’une saison, mais je pense que quand l’équipe était au complet, ce qui n’est pas arrivé souvent, nous avons vu que cet équilibre existait. »
Les absences de joueurs majeurs en défense n’ont-elles pas néanmoins permis à de jeunes joueurs de monter d’un cran ?
S.T. : « Nous avons construit notre équipe avec 6 défenseurs. Ensuite, nous essayons d’avoir des remplaçants. Mattéo Mahieu (20 ans) qui arrivait, en faisait partie. Tout cela lui a permis de jouer. Il n’avait jamais connu le haut niveau, il venait de la D2 en région parisienne, et nous avons pu découvrir un joueur intéressant, un jeune avec du potentiel. Et puis bien sûr, d’autres jeunes ont eu plus de temps de jeu et de responsabilités comme Axel Prissaint, Jules Boscq, Bastien Lemaître, et ont montré leurs qualités. Mais, l’absence de nos top-défenseurs a obligatoirement déséquilibré l’équipe, parce que nous n’avions pas la profondeur de banc des top-teams. Nous avions aussi un duo de gardiens qui fonctionnait bien avec Clément Fouquerel et Gaëtan Richard. Avec la blessure de Clément, Gaëtan a eu la place de numéro 1. Et tout l’équilibre que ce duo apportait en a été naturellement affecté. Et à un moment nous avons dû prendre des décisions. »
O.D. : « Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes dans la continuité du projet de l’année passée où nous étions partis avec un effectif très jeune. Cette année nous avons vu que nos jeunes ont pris du volume de jeu. Je pense à Jules Boscq et Bastien Lemaître derrière, à Enzo Carry et Louis Vitou devant, Axel Prissaint qui est arrivé cette année, Mattéo Mahieu. Ce sont des joueurs qui ont eu du temps de glace et qui progressent. Nous avons quand même joué les playoffs avec une défense dont la moitié avait 20 ans ! Alors bien entendu, il y a la déception de s’être faits balayer, mais d’un autre côté il y a ce côté positif d’être dans la continuité du projet mis en place la saison passée. »
Depuis que la saison s’est achevée à Angers, avez-vous tiré à froid, des enseignements de cette saison permettant de vous projeter dans l’avenir ?
S.T. : « Après le dernier match, nous avons pris un week-end pour essayer de digérer ce 4-0, mais c’est dur. Mais ça nous pousse à aller plus loin. Il y a de la déception mais nous ne sommes pas à terre. Nous sommes motivés ! »
O.D. : « Nous avons amélioré l’offensive cette saison. C’était un de nos objectifs. Nous avons, peut-être, fragilisé la défensive, mais il faut aussi prendre en compte les faits, la blessure du gardien n°1, les blessures de défenseurs sur la fin de saison. Oui, aujourd’hui, l’un de nos objectifs est de trouver un meilleur équilibre, et quoi qu’il en soit, de rester ambitieux. Nous savons que la concurrence est de plus en plus relevée, que le championnat est de plus en plus dense, et ce sera encore plus difficile la saison prochaine de se créer un passage dans le Top 6. Mais un de nos objectifs sera de faire mieux que cette année, parce que nous sommes des compétiteurs, que nous avons de l’ambition, et que nous voulons amener les Boxers le plus haut possible ! »
S.T. : « Il ne faut pas oublier les contraintes financières. Nous avions cette année la 7ème masse salariale allouées aux joueurs de la Ligue ! »
O.D. : « Il y a quatre équipes au-dessus sur ce plan-là. Le Top 3 plus Amiens. Et ensuite, de la cinquième à la dixième place, ça se joue dans un mouchoir de poche. C’est la réalité économique. Mais ça reste du sport. Nous avons envie de gagner, de remporter un trophée. Ça prendra peut-être un peu plus de temps que si nous avions plus de moyens. Mais je pense que le club va dans la bonne direction. Il y a eu une progression entre l’année passée et cette année. Nous allons faire le maximum pour que nous soyons encore en progrès. »
S.T. : « Il peut y avoir de l’impatience. C’est normal, la patinoire est pleine, il y a des victoires et ça donne envie d’aller plus loin. Pour nous les premiers. Mais il faut du temps, il faut gravir les échelons tranquillement, après avoir connu une situation difficile il y a quatre-cinq ans, et après la période Covid. L’an dernier nous étions repartis avec un effectif très jeune, avec moins de moyens, mais nous avons vus de très beaux matchs, gagnés à l’envie ! Ça a ressoudé le public, les partenaires, autour des valeurs de combat, d’amour du maillot, et ça a suivi son cours cette année. Cette saison, nous avons été bons à domicile. Nous avons vu de très bons matchs et je pense que ça a ravi notre public et nos partenaires. Le public est revenu. Nous avons joué 10 fois à guichets fermés ! C’est important pour le développement du club. Mais nous ne nous emballons pas. Nous travaillons, tout le club travaille. »
Concernant l’effectif de la saison prochaine sur lequel vous travaillez d’ores et déjà, où en êtes-vous ? Cette année, vous aviez conservé 70% de l’effectif, contrairement aux années précédentes où vous étiez sur du 50% de renouvellement. Avez-vous prévu de jouer la continuité ou allez-vous revenir à plus de changements ?
S.T. : « Nous ne voulons pas tout balayer ! Mais il y a la réalité. Il y a les joueurs que nous voudrions garder en priorité, selon leur âge, leur rôle, et il y a des joueurs qui sont sollicités, certains qui veulent aller jouer à l’étranger, d’autres qui veulent venir chez nous mais que nous ne pouvons pas prendre en fonction de nos moyens. Chaque club doit avoir ses 10 joueurs formés en France (JFL) et tous se battent pour les mêmes joueurs. C’est donc en commençant par les JFL qu’une équipe se construit. »
Ciblez-vous un type de joueur plus particulièrement, en fonction de ce qui a marché ou pas cette saison ?
O.D. « Nous voulons garder la même identité. Nous voulons une équipe intense, qui patine vite, qui soit technique. Le profil des joueurs doit correspondre à ça. Maintenant, c’est un puzzle à faire. Il faut déjà savoir sur quels Français nous pouvons compter, par rapport à nos souhaits, et nous essayons d’avoir le meilleur équilibre possible entre tous les joueurs. Le hockey évolue, il faut en tenir compte. Nous voyons bien aussi que l’aspect mental est important. C’est un paramètre qui a été longtemps négligé mais qui est de plus en plus mis en avant. Ce qui est important, c’est de connaître la mentalité, l’état d’esprit des joueurs. C’est quelque chose qui nous tient à cœur avec Stéphan, car la cohésion d’un groupe est une des clés de la performance. Cela fait deux ans que nous avons des groupes sains, qui travaillent, et nous voulons rester dans ces profils-là. »
Pour finir, la masse salariale sera-t-elle en progression ?
S.T. : « Il y a une petite augmentation. Mais ce ne sera pas la révolution ! »
Recueilli par Claude Canellas