Benjamin Dieudé-Fauvel, l’enfant de Mériadeck

Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas de hockeyeurs dans l’arbre généalogique du nouveau défenseur Bordelais. Et pourtant depuis son premier cri il y a 31 ans il a consacré une grande partie de sa vie à ce sport. « C’est mon père, qui lui a joué au rugby, qui m’a amené au hockey. J’avais 4 ans environ. Il avait pris contact avec le hockey grâce à un de ses amis dont le fils y jouait. Et comme j’avais beaucoup d’énergie quand j’étais petit, j’ai tout de suite adoré« , se souvient le défenseur des Boxers de Bordeaux, reconnaissant qu’il aime aussi le rugby. « Aux Etats-Unis, j’étais en manque. Je vais me rattraper avec l’UBB« . Mais si on le verra sans doute dans les travées du stade Chaban-Delmas, son théâtre de jeu préféré reste la patinoire bordelaise. « Je me souviens que je venais voir les matchs à Mériadeck avec mon père. J’ai tout de suite accroché. Et c’est à Mériadeck que j’ai commencé le hockey. Ça me fait quelque chose de jouer ici« , dit-il.

S’il a très jeune mordu à pleines dents dans le hockey au point de transformer en musée sa chambre dont les murs étaient couverts de posters de joueurs voisinant avec des collections de cartes et tout ce qu’il était possible de posséder, Benjamin Dieudé-Fauvel n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. A un bac scientifique et un DUT gestion des entreprises et des administrations (GEA), il a ajouté pour faire bon poids une licence en économie-gestion. « C’est important de ne pas tout miser sur le sport. Ma mère m’a poussé, elle n’aurait pas accepté que je laisse tomber les études« , reconnaît le défenseur international dont la maman intervient aujourd’hui en tant que médecin lors des matchs des Boxers à Mériadeck.

Aussi loin que remonte sa mémoire, Benjamin Dieudé-Fauvel ne se souvient pas vraiment quand ses qualités de hockeyeur ont été évidentes au point d’envisager d’en faire une carrière. « Peut-être est-ce le fait d’avoir toujours travaillé fort sur la glace depuis tout petit parce que je déteste perdre et d’avoir toujours joué physiquement et avec un bon shoot ? Pour ma part, c’est peut-être quand je suis entré en équipe de France à 15 ans que j’ai compris que je pouvais faire quelque chose dans le hockey« , avoue-t-il.

Après ses années au sein des équipes de jeunes Bordelaises, il est en tout cas parti à Amiens pour rejoindre le sports-études, jouer avec les U18 et les U22 des Gothiques, jouer sous le maillot bleu son deuxième championnat du monde D1 avec les U18 pour enfin jouer une quinzaine de matchs dans l’élite à 18 ans et être appelé en équipe de France U20 pour jouer le mondial marqué par son premier but en bleu. Les années suivantes, Benjamin Dieudé-Fauvel portera le maillot de Chamonix deux fois avec un nouveau passage d’un an par Amiens et Morzine-Avoriaz. « C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir aux Etats-Unis où je suis resté 8 ans ! J’ai toujours voulu partir aux Etats-Unis pour jouer au hockey et j’ai tout fait pour y parvenir. Je voulais voir aussi connaître le style de vie là-bas. Alors dès que j’ai eu l’occasion, je ne l’ai pas laissée passer. J’avais 22 ans. Débarquer là-bas, c’était vraiment chouette. Et puis j’ai été marqué par mes débuts en AHL, ce qui était mon objectif« , souligne le numéro 26 des Boxers. Les autres souvenirs qui l’ont marqué se sont déroulés sous le maillot bleu. « Jouer trois championnats du monde, c’étaient de belles expériences. Représenter son pays, pour tout athlète c’est quand même quelque chose d’important. Quand on a la chance d’y être il faut se donner à fond« , reconnaît-il.

A 23 ans, après voir disputé 2 matchs avec les Chamois de Chamonix au début de la saison 2009-2010, il atterrit donc aux Etats-Unis et enfile pour 2 saisons le chandail des Bucks de Laredo en CHL (Ligue Centrale de Hockey). Ses qualités sont remarquées au point qu’il est appelé par les Jackals d’Elmira où il découvre le niveau d’ECHL (Ligue de Hockey de la Côte-Est). Après 2 saisons il signe, à 27 ans, pour les Mallards de Quad City en CHL la première année puis en ECHL que la franchise a rejoint pour sa deuxième saison. Il franchit encore un nouveau palier en étant recruté par le Wild d’Iowa où il va disputer 20 matchs d’AHL (Ligue Américaine de Hockey), l’antichambre de la NHL, le Graal du hockey ! La saison suivante (2015-2016) lui vaudra de porter trois maillots différents en ECHL (les IceMen d’Evansville, le Rush de Rapid City puis les Wings de Kalamazoo). De retour dans « sa » ville d’Elmira la saison dernière où il joue de nouveau avec les Jackals (ECHL) avant d’être échangé en cours de saison aux Mavericks du Missouri (ECHL). Puis après avoir commencé cette saison avec les Nailers de Wheeling (ECHL), il est échangé aux Thunders de Wichita avant de rompre son contrat quelques jours après et d’accepter la proposition bordelaise. « C’est vrai que j’ai fait un peu le tour du sujet aux Etats-Unis. Ça faisait déjà un moment que j’y pensais. J’avais envie de voir autre chose, de connaître une nouvelle aventure. On en a discuté avec ma femme qui a un boulot aux Etats-Unis. J’avais envie de (re)venir en France. Et Bordeaux m’a appelé. D’autres clubs se sont manifestés mais le projet du club est intéressant. Ils veulent jouer sur tous les tableaux, le championnat, la coupe. Pour moi sportivement c’est important. Et le fait de pouvoir être avec ma famille et mes amis c’est également important. Il n’y a que ma femme qui est restée aux Etats-Unis. Elle va venir pour Noël« , raconte Benjamin Dieudé-Fauvel.

Pour la première fois, il a signé pour une longue durée (jusqu’à la fin de la saison) avec son club formateur après y avoir déjà joué 5 matchs en D1 en 2010-2011 (2 en saison régulière, 3 en playoffs). « J’avais aussi l’habitude de m’entraîner avec les joueurs bordelais avant le début de saison au Etats-Unis« , ajoute l’international non sélectionné pour le dernier championnat du monde à Paris qui admet que jouer en France peut « permettre de se mettre en évidence aux yeux du sélectionneur des bleus« , ce que lui permet le niveau de la Saxoprint Ligue Magnus. « La Ligue s’est beaucoup améliorée depuis que je suis parti. Avec le format à 44 matchs, il y a beaucoup de bons joueurs. Par rapport aux Etats-Unis le jeu est différent, ça joue un peu moins physique, il y a de grandes glaces mais ça reste du hockey. En tant que défenseur, dans la zone défensive, la grande glace c’est un peu plus dur parce qu’il y a plus d’espace mais c’est plus facile de relancer le palet, parce qu’on a plus de temps pour prendre les décisions et que les gars sont moins vite sur nous. On s’adapte. Et j’ai joué sur des grandes glaces avant de partir aux Etats-Unis et avec l’équipe de France« , souligne Benjamin Dieudé-Fauvel.

Tout heureux de retrouver Bordeaux, « une belle ville et attractive« , la patinoire Mériadeck où « le public est incroyable » et un club qui devient « vraiment professionnel depuis quelques années avec un très bon staff et des dirigeants qui apportent des améliorations chaque année comme le cube central avec les écrans qui va être installé au mois de janvier, et les vestiaires qui devraient être refaits l’an prochain. Et tout ça donne envie de venir« , reconnaît le joueur Bordelais dont l’avenir en Gironde (ou ailleurs) n’est pas encore tracé. « Je pense à ce moment, j’ai envie de gagner avec l’équipe et on verra si le club est intéressé, et si c’est dans mes projets« , conclut-il.

C.C.