Aziz Baazzi à Bordeaux « pour performer »
Cela tient parfois à peu de choses. Natif de Strasbourg, le défenseur Bordelais Aziz Baazzi doit son intérêt pour le hockey sur glace à une amie suédoise de sa mère dont le fils était pratiquant. À 5 ans, il assistait à son premier match, fasciné. La greffe venait de prendre. « Ma mère avait une amie suédoise. Son fils faisait du hockey. J’étais un peu turbulent. Elle m’a amené voir un match et je n’ai pas bougé de mon siège, émerveillé. J’ai donc voulu commencer. J’avais 5 ans. Je n’ai plus jamais raccroché« , raconte-t-il aujourd’hui. Si ses parents n’étaient pas spécialement sportifs, ils ont poussé leur fils à aller vers sa passion. « Ils voyaient ma passion, ils m’ont poussé à continuer. Ils ont toujours été là pour me soutenir, pour les déplacements…« , souligne-t-il.
Né en Alsace d’une mère du cru, traductrice de métier, et d’un père marocain venu à Strasbourg pour faire ses études et actuellement professeur de physique-chimie dans un lycée de la ville, Aziz Baazzi avait une âme de sportif dès son plus jeune âge, au point que ses parents ont dû serrer les boulons. « À l’école j’étais un peu turbulent. Je ne pensais qu’à faire du sport. Mes parents ont mis une carotte devant moi : être bon à l’école pour pouvoir continuer le hockey. Et j’ai fait en sorte que ça se passe bien. J’ai commencé une classe bilingue-trilingue avec l’Allemand en 6ème. J’étais censé passer le « bi-bac » (bac reconnu par les deux systèmes éducatifs des deux côtés de la frontière) mais j’ai arrêté tout ça à la fin de la 4ème pour faire un sport-études« , égrène le n°46 des Boxers de Bordeaux.
S’il confie avoir fait du football, du tennis, avoir même essayé le judo, il a fallu un jour faire un choix, et ce fut le hockey sur glace. Bien sûr. « Quand j’étais gamin, avec mon petit frère qui fait aussi du hockey, on regardait des vidéos sur la NHL, on avait des maillots de joueurs et des posters dans la chambre. On ne ratait pas un match de l’Étoile Noire qui était en D1 à l’époque. Pendant les tiers-temps on jouait dehors. On faisait du roller-hockey l’été. Parmi mes joueurs favoris il y avait des Finlandais comme Teemu Selanne (qui fit le gros de sa carrière à Anaheim en NHL)« , raconte l’ancien joueur des Brûleurs de Loups.
Le sport prenait une bonne part de son temps mais Aziz a laissé un peu de place à d’autres passions, comme celles de se retrouver avec ses copains, aller au cinéma. « J’aime beaucoup le cinéma. J’ai d’ailleurs pris un abonnement ici pour y aller dès que je peux. Grâce à ça, je donne sa chance à pas mal de styles de films, mais j’ai une préférence pour les thrillers américains, les comédies, les bons films français« , admet-il. Et puis il y a aussi les jeux de société, les jeux de cartes… « Je me débrouille bien. Je triche un peu, de temps en temps. Si on n’essaye pas de tricher c’est qu’on ne veut pas gagner (rires)« . Dans la palette de ses intérêts, figurent aussi la lecture, même s’il avoue qu’aujourd’hui « il faut vraiment que ça accroche pour que j’aille au bout d’un bouquin. Ce que je préfère ce sont les biographies de sportifs« . Evidemment. Et il y a la télévision pour regarder… le sport ! « Le foot, le tennis. J’aime regarder le Super-bowl et tous les sports américains, le basket, le foot, mais le base-ball un peu moins« .
Après avoir son hockey mineur à l’Étoile Noire, Aziz Baazzi a disputé son premier match dans l’Élite à l’âge de 17 ans. « J’ai été marqué par ce premier match en Magnus. C’était impressionnant parce qu’à Strasbourg le hockey mineur n’était pas dans l’élite à l’époque et je n’étais pas au meilleur niveau. En Magnus le niveau était impressionnant. Ça allait beaucoup plus vite. Ce premier match je l’ai joué à Épinal, dans l’ancienne patinoire. Je ne jouais pas en 5 contre 5. L’entraîneur m’avait mis juste sur le powerplay pour commencer avec un peu moins de pression des adversaires« , se souvient le joueur bordelais.
La saison suivante, en 2010, il quittait son club formateur pour suivre à Caen son entraîneur du sport-études Bertrand Pousse chargé en Normandie des équipes première et espoirs. La saison suivante il quittait les Drakkars pour les Gothiques d’Amiens pour trois années au cours desquelles il sera sacré Champion de France U22 Élite et rejoindra l’Équipe de France seniors. En 2014 il répond aux sollicitations d’Épinal et intègre l’équipe de… Philippe Bozon, avec pour partenaires de jeu Maxime Moisand et Peter Valier. « J’y ai passé une super saison que je n’oublierai pas. Mais c’est là que j’ai aussi mon plus mauvais souvenir, la finale de Ligue Magnus perdue contre Gap lors du 7ème match !« , avoue-t-il.
Après un crochet en DEL2 allemande avec les Falken d’Heilbronn, il rejoignait les Brûleurs de Loups de Grenoble pour 2 belles saisons et une victoire en finale de la Coupe de France face à Rouen ! « C’était vraiment quelque chose. Impressionnant. À Bercy il y a beaucoup plus de spectateurs que dans les autres patinoires en France. Ça marque !« , souligne Aziz Baazzi qui après avoir éliminé les Boxers de Bordeaux en demi-finale de la dernière Ligue Magnus et perdu face à Rouen en finale, décidera de rejoindre le club Bordelais. « Venir à Bordeaux était vraiment un choix personnel. J’étais à Grenoble et en venant à Bordeaux je n’ai pas forcément regardé mes chances de gagner un titre. Parce que Grenoble, avec les moyens qu’ils ont mis cette année, ils ont une belle équipe et ils ont un pourcentage de chances de gagner plus important même si ça reste du sport et son incertitude. Ici, on m’a proposé un rôle qui était plus intéressant pour moi et mon développement, à savoir celui de défenseur offensif. À Grenoble, c’était moins évident, pas une certitude. C’était plus dur de prendre cette place pour moi. Et puis Bordeaux est en développement, il y a de gros objectifs. Il y a des moyens qui ont été mis même s’il y a eu un petit problème en début de saison mais cela va être rattrapé. Il y a un engouement qui se crée ici. Et puis je connais Philippe (Bozon) depuis Épinal et c’était naturel d’accepter« , indique le défenseur Bordelais.
Heureux de son choix, bien intégré dans la ville et la région, Aziz Baazzi ne renie en rien ses origines. « Je resterai toujours Strasbourgeois ! C’est chez moi, là-bas !« , dit-il avant d’avancer comme argument majeur : « J’adore la tarte flambée (la fameuse flammekueche !)« . Quasiment intarissable sur les charmes alsaciens… « Strasbourg est une grande et belle ville, mais il y a aussi les Vosges, les paysages de l’Alsace, le vignoble« , dit-il. Et si vous lui parlez du vin dans sa capitale mondiale il rétorque qu’il commence à apprécier mais que ce qu’il préfère c’est le vin blanc d’Alsace. Evidemment. Tout en précisant qu’en tant que sportif de haut niveau « il ne peut pas en abuser« .
« Je suis un bon vivant. Il faut le gérer, sinon on peut sortir du droit chemin. J’aime bien manger. Je cuisine un peu mais c’est plutôt simple. Mon truc, c’est les grosses salades composées avec des fruits, des légumes, des graines, du poulet cuisiné…« , précise ce célibataire qui commence à penser à fonder une famille. « Je commence à sentir que je prends un peu plus de maturité« , reconnaît-il. Ce développement personnel se fera peut-être à Bordeaux… « Oui, je peux m’imaginer poursuivre l’aventure à Bordeaux. C’est un des clubs qui a des objectifs élevés et c’est ce qui m’intéresse, j’ai envie de gagner. Je pense être un joueur qui peut se développer et ça m’intéresse d’être dans une équipe qui a le même objectif« , reconnaît le joueur des Boxers qui voit dans l’équipe actuelle un collectif qui a « encore du boulot à faire » mais qui reste uni dans les moments difficiles comme durant le trou d’air du mois de Novembre.
« Avec les 9 points en moins en début de saison, l’objectif c’est clairement les playoffs. Terminer dans les 8, c’est le minimum syndical. Mais je pense qu’on a une équipe qui est capable de plus« , pense celui pour qui veut « performer le plus possible dans cette ligue » et qui, le moment venu se verrait bien faire une expérience à l’étranger, ajoutant que « la Finlande, ça fait rêver« . L’un de ses autres buts dans sa vie de sportif porte un maillot bleu. « J’ai été sélectionné dans toutes les équipes de jeunes. J’ai commencé avec les moins de 16 ans. J’ai fait deux fois le Mondial en moins de 18, trois fois le mondial avec les U20, avec une descente et deux montées. Puis il y a eu la transition avec les U23 et après j’ai commencé à intégrer le groupe seniors mais ce n’était pas facile car il y avait un groupe déjà installé. Maintenant, c’est une nouvelle génération qui commence à être intégrée. Pour moi c’est un vrai objectif et je travaille tous les jours pour avoir une place dans cette équipe« , avoue le joueur dont la motivation ne peut qu’être bénéficiaire pour les Boxers de Bordeaux.
C.C.