Alexandre Ranger, joueur et homme d’énergie

Arrivé à Bordeaux durant l’été, Alexandre Ranger met autant d’énergie dans sa vie que sur la glace. Ce caractère affirmé, le Québécois compte le mettre au service d’une équipe en laquelle il croit.

« Je voulais venir en France, surtout pour l’intégration. Et comme je connais bien Jonathan Lessard, il m’a parlé de la France et surtout de Bordeaux. Oui, j’avais un intérêt pour la langue et pour le pays qui est très beau. Et je suis très content d’être ici. J’adore la ville, très belle. Il y a plein de choses à faire. La plage n’est pas loin. La patinoire est superbe. Très grande. Dans le club on est très bien accueilli, on a tout ce dont on a besoin« , reconnaît l’attaquant Québécois venu en droite ligne du Sud des États-Unis. Et ne voyez aucun clin d’œil que Ranger vienne du Texas. Le néo-Bordelais est né à Châteauguay sur la rive sud de Montréal, dans une famille unie de 4 enfants dont 1 grande sœur. « Mon père est directeur des ressources humaines, ma mère travaille dans les finances« , précise le n°9 des Boxers de Bordeaux.

Sur ces bases solides, Alexandre Ranger a construit un parcours jusque-là consacré pour l’essentiel au hockey, un sport roi au Canada mais aussi pratiqué en amateur par son père qui lui a transmis le virus. « J’ai mis les patins à 3-4 ans et je n’ai jamais regardé en arrière. Je jouais dès que je pouvais avec des gens qui habitaient autour de chez moi et l’hiver bien entendu sur des patinoires extérieures. Je regardais aussi beaucoup les matchs à la télé et j’avais des signatures de joueurs sur des cahiers, des casquettes, tout ce que je trouvais« , raconte le Québécois. Le hockey a laissé peu de place à d’autres activités. Il a cependant joué un peu au football (américain) et au base-ball mais pour lui « le choix était depuis longtemps de devenir hockeyeur professionnel« .

Les études en ont pâti. « L’école s’est pour moi arrêtée assez tôt à cause du hockey. Après le secondaire, j’ai fait le Cegep qui est chez nous la transition avec l’université mais j’étais junior majeur et j’avais moins de temps pour les études. J’ai commencé une formation en mécanique automobile mais je n’ai pas fini mon parcours car je suis devenu professionnel. Maintenant je regarde pour faire un bac. Sûrement en finances. Et après on verra…« , dit-il aujourd’hui en confiant qu’il était un enfant plutôt agité. « J’aimais bouger, il fallait que je sorte mon énergie. Des fois je dépassais les bornes. Mes parents ne trouvaient pas ça très drôle mais ils connaissaient mon caractère« , reconnaît celui qui montre une belle énergie sur la glace. « Moi je suis un joueur d’énergie, il faut que je fasse attention à ce que je fais. L’arbitrage est différent ici mais on va essayer de s’adapter« , avoue-t-il.

Son style de jeu, il l’a forgé dans les joutes des Midget AAA (U17) avec les Patriotes de Châteauguay où il a été repéré et sélectionné pour représenter le Québec aux Jeux du Canada en 2011. Il atteindra la finale où sa sélection mordra la poussière devant la Colombie-Britannique. Passant par les Drakkars de Baie-Comeau, il se voit à nouveau sélectionné pour porter le maillot du Québec au World Hockey Challenge (U17). Après 3 saisons au Drakkar, il se retrouve en 2014 aux Saguenéens de Chicoutimi (LHJMQ) et est invité à participer au camp des recrues des Canadiens de Montréal. Période faste qui lui vaut aussi d’être sélectionné parmi les All Stars de la LHJMQ pour participer aux séries Canada/Russie de la CHL.

En 2015, il a 20 ans pour ses débuts en pro, il s’aligne en ECHL (Ligue de Hockey de la Côte Est) avec les Admirals de Norfolk. Il tape dans l’œil des IceCaps de St John, le club école des Canadiens de Montréal et se retrouve en AHL (Ligue de Hockey Américaine, antichambre de la NHL) pour disputer 17 matchs ! C’est sans doute son meilleur souvenir de hockey à ce jour. « Mon premier appel dans la Ligue américaine (AHL) a toujours été mon plus beau moment. Je venais juste d’avoir 20 ans ! En 2 ans de temps, j’ai été appelé 3 fois en Ligue américaine !« , dit-il non sans une certaine fierté. A peine entamé sa deuxième saison à Norfolk, il est échangé aux Oilers de Tulsa (ECHL) en Oklahoma. Un de ses plus mauvais souvenirs marqués par de longs voyages en bus marqués par les pannes à répétition d’un véhicule en âge de prendre sa retraite. « L’autobus était vieux, il n’arrêtait pas de tomber en panne et il fallait trop souvent s’arrêter. C’était long. Et puis les suspensions à l’arrière étaient brisées et ça sautait pas mal !« , raconte-t-il avec le sourire. Malgré tout, il va encore goûter de l’AHL avec 7 matchs disputés avec les San Antonio Rampage et 8 autres avec  les IceCaps de St John. Échangé l’an passé aux Solar Bears d’Orlando (ECHL), il va passer dans la même année à Jacksonville et finir chez les Americans Allen au Texas.

C’est donc à Bordeaux qu’il a posé son sac de sport, où il a retrouvé Jo Lessard, et où il peut partager son goût de la musique avec deux autres Québécois qui aiment mixer comme lui. « Avec Félix-Antoine Poulin et Marc-André Lévesque, on se réunit de temps en temps et on fait de la musique ensemble », raconte Alexandre Ranger qui outre aime la musique électronique mais aussi « le blues, la country…. En fait tous les styles de musique« . S’il a un peu joué de la guitare plus jeune, il pense aujourd’hui « prendre des cours de piano très bientôt« . Il avoue aussi porter un intérêt aux séries comme « Friends », « Prison Break » ou « The Office », et un peu au cinéma. « J’aime bien revoir les films classiques. L’un des films qui m’a marqué c’est « Never back down », un film américain« , précise le Québécois.

Bien dans sa peau à Bordeaux, une équipe dont il vante le « gros potentiel » quand « on joue ensemble« , il ne veut pas tirer de plans sur la comète et ne veut pas trop penser à son avenir, même s’il concède qu’il n’est pas venu pour « juste faire un passage« .

Claude Canellas