Alexandre Mulle, le hockeyeur bien né

Natif de Rouen, Alexandre Mulle habitait dès son plus jeune âge dans un immeuble où plusieurs joueurs des Dragons avaient leur appartement. Si le hockey n’était pas la toile de fond de sa famille le petit Alexandre sans le savoir avait déjà sa voie tracée. « C’est un pur hasard. Des joueurs pros des Dragons habitaient dans ma résidence et les enfants jouaient souvent au street-hockey dans la rue. J’y ai participé quand j’avais 4-5 ans. Et un jour on m’a prêté des patins à glace. Je suis allé les essayer avec mon père à la séance publique à la patinoire. Ça m’a plu. J’ai demandé à mes parents d’essayer le hockey et je n’ai jamais plus arrêté« , raconte l’attaquant bordelais. Pour le petit Alexandre, le hockey a vite pris l’habit d’une passion au point que la famille s’est mise au diapason. « Quand j’étais en classe de CE2, mon père, ingénieur en génie civil, est parti travailler à Beauvais où il n’y avait pas de patinoire et donc ma famille s’est installée à Compiègne pour que je puisse jouer au hockey. Mes parents ont toujours tout fait pour que je puisse continuer à jouer. Mon père s’impliquait beaucoup dans le club, il était dirigeant d’équipe. Il faut que je remercie mes parents, ils m’ont beaucoup aidé et, quand j’étais jeune, ont passé beaucoup de temps dans les patinoires et sur la route pour que je puisse aller jouer mes matchs« , reconnaît-il.

Si gamin, Alexandre Mulle adorait le hockey, avait des posters dans sa chambre, le tennis auquel il s’adonnait également était tout aussi important à ses yeux.  « Mon père, ma sœur qui a deux ans de plus que moi, et moi, on a joué au tennis. J’en ai fait en compète. J’étais classé, mais arrivé au niveau du lycée ça devenait compliqué de pratiquer les deux sports et j’ai choisi le hockey. Je savais que je n’étais pas trop mauvais mais je ne pensais pas en faire une carrière à ce moment-là« , souligne l’attaquant bordelais. Après deux années à Compiègne la famille Mulle est partie habiter au Havre et il a rejoint les Docks du Havre. « Ma dernière année en cadet, on n’était pas assez nombreux et quelques joueurs de Rouen venaient nous aider en cadets Excellence. C’est comme ça que l’entraîneur Rouennais m’a demandé si je voulais venir jouer en cadet Elite à Rouen. J’ai accepté, mais comme je voulais terminer mon bac scientifique, je m’entraînais au Havre la semaine jusqu’au mercredi puis je faisais les allers-retours avec mes parents (les deux villes sont distantes de 80 kilomètres)« , raconte le n°11 des Boxers qui poursuivra sur le même rythme de vie l’année suivante en se lançant dans un DUT génie civil dans le port fondé par François 1er.

Mais alors qu’il aurait dû redoubler sa première année, l’été fut l’occasion pour l’entraîneur des Dragons Alain Vogin de l’appeler en tant que remplaçant d’un joueur blessé au début du camp d’entraînement des pros. À 19 ans ! « Je n’ai pas fait de sport-études et c’est un peu un concours de circonstances qui m’a ramené à Rouen. Et j’y ai eu ma chance…« , se souvient-il. La greffe a bien pris. Après une semaine d’entraînement, il a participé à un tournoi à Košice et au retour, le coach Normand lui a demandé s’il souhaitait poursuivre l’expérience. Après en avoir discuté en famille, il a donc rejoint la préfecture de Seine-Maritime où il a fait partie de la première promotion du BTS management des unités commerciales créé par le RHE (Rouen Hockey Élite). « À Rouen, la quatrième ligne ne jouait quasiment pas. Donc je m’entraînais, je jouais en D2 en junior et au fur et à mesure, j’ai gagné du temps de jeu avec les pros. J’ai fait toute ma saison junior et je suis resté un an après à Rouen« , raconte-t-il par le menu. Lorsqu’il tourne les pages de son album de souvenirs, Alexandre Mulle y trouve parmi les plus prégnants ceux qui se rattache à ses années Rouennaises, notamment ses 2 titres de champion de France U22 « avec une vraie bande de potes« . « J’ai joué la finale de la Coupe d’Europe à Rouen. Le Final Four ! J’étais dans les trois premières lignes et j’ai joué tout le week-end. J’étais vraiment fier d’y avoir participé, avec un dénouement de folie« , assure le joueur Bordelais. 3 titres de champion de France (2010, 2011 et 2012), 1 Coupe de la Ligue (2010), 1 Coupe de France (2011) et 1 Continental Cup (2012) sont venus remplir sa vitrine aux trophées au cours de ces années.

Puis Alexandre Mulle a tourné la page Normande et pris la direction de la Bourgogne. À Dijon, il va passer quatre saisons, avec des hauts et des bas. « J’y ai connu beaucoup de choses. Des Top 4, des demi-finales, la poule de relégation la dernière année où on était mal embarqués et où on s’est finalement sauvés« , rapporte le Normand qui est ensuite parti dans les Vosges pour deux saisons. À Épinal, il va connaître l’incertitude de l’avenir de son club qui finalement sera mis en liquidation. Ce qui l’a remis sur la route, direction… Bordeaux. « J’ai rapidement eu des contacts avec Philippe (Bozon) et Steph (Stéphan Tartari). Cela dit je connaissais beaucoup de monde ici. Que ce soit Julien (Desrosiers), Peter (Valier), Jon (Jonathan Janil). À ce moment-là, on ne savait pas exactement si Épinal allait être liquidé mais on sentait que c’était bancal. J’ai eu cette opportunité dans un club qui vise le Top 4 même si, avec les 9 points de pénalité, ça a été un peu plus compliqué qu’on aurait pu l’imaginer. C’est un club un peu plus ambitieux que là où j’étais auparavant et j’avais l’envie de retourner dans une équipe qui a l’opportunité de gagner des titres« , explique l’ancien Spinalien qui a arrêté ses études qu’il ne pouvait plus mener de pair avec le hockey, sans cependant ranger définitivement le dossier aux archives. « Peut-être reprendrais-je des études. En ce moment je regarde tout ce qui est dans le management sportif. Mais tout cela n’est pas facile à concilier avec les entraînements, la vie de famille maintenant que je suis papa. Sasha aura 2 ans quand je fêterai mes 30 ans. Il est né le même jour que moi, le 11 mai !« , dit-il dans un grand sourire.

Fort heureusement, Alexandre Mulle n’a pas tout sacrifié au hockey. À Bordeaux, il a continué de jouer au golf, un sport qu’il adore, d’autant qu’il habite à 5 minutes du golf de Pessac. « Je suis arrivé ici début Juillet, j’ai donc eu le temps d’y aller souvent avec Julien Desrosiers« , souligne le n°11, même s’il essaye de garder le plus de temps possible pour son fils. Outre le golf et la famille, Alexandre Mulle aime la lecture et ça ne surprendra personne, « surtout sur le sport et les sportifs« , regarder des séries américaines mais aussi françaises telles que « Braquo » et « Engrenages », regarder… le sport à la télé, et des films en vidéo dans le bus lors des déplacements avec les Boxers de Bordeaux… Un club qu’il a rejoint pour s’y faire une place, et dans la durée si le staff et les dirigeants le souhaitent. « Je ne suis pas quelqu’un qui aime beaucoup changer. Encore moins maintenant que j’ai une famille. Le moins que j’ai fait dans un club c’est deux ans et c’était à Épinal, d’où je suis parti un peu par la force des choses. La patinoire, le public de Mériadeck, je connaissais. Je suis venu souvent avec Dijon et Épinal. C’est une belle patinoire. J’ai aussi la chance d’être arrivé après que les vestiaires aient été refaits. Là, on a des conditions de travail parfaites. Il y a toujours une belle ambiance. C’est un plaisir de jouer ici », avoue l’attaquant d’autant que « l’ambiance dans le groupe est vraiment incroyable. Ça n’a pas été facile au début avec la perte des points, la baisse des salaires. Des joueurs ont décidé de partir, ce que je comprends totalement. Ceux qui sont arrivés se sont très bien intégrés. On a vraiment un bon groupe, talentueux. À nous de nous qualifier pour les playoffs et de finir le plus haut possible« .

On l’a compris, Alexandre Mulle se trouve bien à Bordeaux. « C’est magnifique. Il y a tellement de bars et de restos, qu’il y a toujours quelque chose à découvrir. La mer n’est pas loin. L’été dernier je suis allé sur le bassin, au Cap-Ferret. On est allé aussi à la plage au Porge. Et en plus ma femme Leah a trouvé un travail tout de suite. Elle gère une agence MMA à Talence« , indique le joueur. Reste l’Équipe de France, qu’Alexandre Mulle avait connue pour la première fois lors de la saison 2010-2011. « Je n’avais pas été rappelé depuis. Or, j’ai participé au premier stage à l’automne cette saison à Cergy. C’était une belle expérience. Puis j’ai eu la chance d’être sélectionné pour le stage en Décembre en Norvège. J’ai joué le 1er et le 3ème match. Ça s’est bien passé. C’était incroyable, un niveau de jeu très intense. Vraiment très content d’avoir participé« . Le joueur Bordelais figurait encore sur la liste des remplaçants pour le tournoi en Autriche la semaine dernière, ce qui lui laisse encore des perspectives pour son avenir en Bleu. « L’Équipe de France, ce n’est pas forcément la chose à laquelle je pensais quand je suis arrivé à Bordeaux. Mais quand on y goûte, on espère toujours y goûter à nouveau« , conclut-il.

C.C.