Alexandre Mulle : « J’espère revenir en janvier »

Après avoir découvert la Ligue Magnus à Rouen, sa ville natale, être passé par Dijon et Epinal, Alexandre Mulle a posé ses valises à Bordeaux pour attaquer la saison 2018-2019.

Il a vécu trois belles saisons avec les Boxers, mais il y a environ 1 an, il s’est blessé gravement à un genou. Après de gros efforts, le n°11 est revenu une première fois durant les matchs amicaux cet été mais à la veille du 1er match officiel de la saison, au mois de septembre, il a appris que des complications le tiendraient encore éloigné de la glace pour quelques temps. C’est un Alexandre Mulle courageux et déterminé, qui n’a jamais pensé à raccrocher, qui témoigne aujourd’hui et se bat pour revenir en début d’année prochaine.

 

Le jour où son genou a lâché est gravé dans la mémoire du Normand. « C’était le 16 novembre, donc il y un an. Le lendemain du décès de ma grand-mère. J’ai prévenu le staff qu’il fallait que je m’organise pour aller aux obsèques la semaine d’après, et nous sommes partis pour Chamonix. Je n’avais aucune gêne au genou, aucune douleur, aucun signe avant-coureur d’un risque quelconque de blessure. Et dès le début du match, lors de ma deuxième présence, j’ai reçu le palet, j’ai voulu déborder. J’ai reçu une charge et en me relevant je suis retombé et c’est en marchant vers le vestiaire avec le soutien du kiné que j’ai compris que ma jambe partait sur le côté », se souvient-il.

Victime d’une rupture des ligaments croisés et du ligament interne du genou droit, Alexandre Mulle venait de subir la plus grave des blessures de sa carrière. « C’est sans doute lié au décès de ma grand-mère, les émotions qui en découlent. Cela dit je n’ai pas de regrets car je me sentais largement capable de jouer et que personne ne m’a forcé, au contraire. C’est moi qui voulais jouer. Cela dit, si ça n’avait pas lâché là, ça aurait lâché à un autre moment. C’est le point de départ de mes ennuis », raconte-t-il.

Le 25 novembre, Alexandre Mulle passait sur le billard. Pour lui allait débuter une longue période de soins avec l’aide du kiné et du préparateur physique. « J’ai tout de suite continué à faire de la musculation pour rester aussi avec les gars dans le vestiaire et ne pas être coupé de tout ça. »

Pour tout sportif, être spectateur forcé de ses coéquipiers, ne pouvoir s’adonner à sa passion, est une rude épreuve. « Il y a eu des périodes plus ou moins compliquées. Ce type de blessure n’est pas très douloureuse en soi, passée la première semaine après l’opération. J’ai donc continué les soins. Au mois de janvier suivant, je sentais qu’il y avait quelque chose qui bloquait dans mon genou. On a fait de nouveaux examens au mois d’avril et là, on m’a diagnostiqué un cyclope. »

Le syndrome du cyclope se produit parfois lors des reconstructions chirurgicales du ligament antérieur du genou. Il a pour effet de limiter l’extension du genou. Conséquence, Alexandre Mulle passe à nouveau sur la table d’opération au début du mois de juin. Après deux semaines de convalescence, il reprend les soins et la préparation physique en vue de la reprise. Au mois de juillet dernier, alors que le club lui avait donné sa confiance et renouvelé son contrat, il a senti que son genou « réagissait moyennement ». Si sur le plan ligamentaire, il était rassuré, cependant son genou recommençait à lui faire des misères.

 

« J’avais envie de bien faire. Et je pensais que ça allait passer. J’ai repris au mois d’août. A l’entraînement, sur la glace, ça allait, mais en dehors je sentais que le genou se raidissait de plus en plus. J’ai continué, j’ai fait les matchs amicaux, et j’ai revu le médecin pour la visite médicale. Il me restait un examen à faire en scintigraphie. La seule date possible, c’était la veille de la reprise du championnat. Je me suis dit qu’il serait bon tout de même de savoir ce qui pouvait expliquer ce raidissement de mon genou. Et on m’a diagnostiqué une algodystrophie », explique-t-il.

Derrière ce nom barbare, se cache un syndrome douloureux faisant suite à une fracture ou une intervention chirurgicale. Ces douleurs peuvent être accompagnées de manifestations cutanées et de gènes articulaires qui peuvent générer des difficultés dans les mouvements. Pour Alexandre Mulle, il s’agit d’un « blocage neurologique qui impacte la zone opérée. C’est un peu comme si le corps n’avait pas accepté l’opération et du coup j’ai une zone sous la rotule qui s’enflamme. »

Le diagnostic posé, le corps médical reconnaît qu’on ne connaît pas la durée d’une telle affection. A la veille du premier match de championnat, l’attaquant des Boxers de Bordeaux vient donc d’apprendre qu’il ne pourrait pas jouer sans prendre des risques qui pourraient l’impacter au-delà de sa vie sportive. Le coup est rude et il faut alors en mesurer toutes les conséquences.

Pour autant, à aucun moment l’idée de raccrocher les patins, de baisser les bras, ne traverse l’esprit d’Alexandre Mulle. « Sur le moment, ce n’est pas facile. Il faut appeler le staff, les médecins, j’en ai parlé avec ma femme, j’ai appelé mes parents… C’est dur à encaisser car on te dit clairement que tu as 33 ans, qu’on ne peut pas te dire dans combien de temps tu vas rejouer. Ça peut prendre 1 mois, 6 mois, 2 ans ! Alors je me suis dit que peut-être tout pouvait s’arrêter, mais j’ai pensé que je n’avais pas fait 10 mois de rééducation pour abandonner. Le hockey, c’est ma passion. Avant de me blesser, je n’avais pas envie de m’arrêter, je ne l’ai pas plus aujourd’hui. Ça va mieux, mais je n’ai pas de date prévue pour mon retour. Mais quoi qu’il arrive ce n’est pas moi qui prendrai la décision d’arrêter parce que je pense que je peux jouer encore quelque temps. »

 

Alexandre Mulle qui n’est en rien perturbé par sa blessure dans sa vie personnelle, reste très présent avec l’équipe, s’entraîne et fait de la préparation physique avec le groupe. « Les joueurs et le club m’ont toujours soutenu, et je les en remercie », dit-il.

Tous les efforts qu’il fait doivent se faire avec le bon dosage, en surveillant la réaction du genou après l’effort. Que ce soit à l’entraînement ou au centre de rééducation, la charge de travail doit augmenter progressivement. Pour l’heure, « ça réagit plutôt bien », avoue-t-il. Pour envisager un retour au sein de l’équipe, « le médecin m’a indiqué que si ça continuait dans le même sens qu’actuellement, ça pourrait être faisable en début 2023, mais il n’y a aucune garantie. Je ne m’enflamme pas, mais j’espère pouvoir revenir en janvier. »

Claude Canellas.